lundi 20 février 2023

La dernière maison avant les bois de Catriona Ward


Le point de départ de ce polar psychologique est banal. Une dizaine d'années après la disparition de sa petite soeur Lauren jamais retrouvée, Dee n'entend pas en rester là et se lance à recherche. Ce qui sera moins banal, sera la façon dont l'histoire nous sera racontée même si le procédé de voix différentes n'est pas non plus d'une folle originalité. Ces voix, celle de Dee évidemment, planquée dans une maison au bord d'une forêt et surveillant une autre maison, celle de Ted, suspect jamais inquiété, sera la deuxième voix que complétera une troisième, celle d'Olivia, la chatte de Ted, nous plongeront au plus profond des pensées de protagonistes qui vont devenir de plus en plus complexes au fur et à mesure du récit. 
L'autrice prend le temps de décrire ce petit monde, distillant des éléments signifiants ou étranges au compte goutte. On avance doucement dans une intrigue qui apparaît classique, voire peut être prévisible. Sauf, que Catriona Ward a une idée derrière la tête car elle possède un dénouement qu'elle pense pêchu et surprenant. Assez vite, elle va jouer avec son lecteur, jouant de zones grises des narrateurs et brouillant de plus en plus les pistes. Toujours sans se presser, faisant monter très ( trop?) lentement la tension, l'histoire prend petit à petit un côté vaguement fantastique, un poil déroutant pour un lecteur de polar lambda et finir par  arriver à un point où tout semble se mélanger et où tout s'embrouille. Et là, ça passe ou ça casse. Soit on continue sa lecture pensant bien que tout cela retombera sur ses pieds soit on pense que la romancière a fumé la moquette en prenant un virage vraiment barré et on laisse tomber ( ou on découvre la fin en diagonale). 
Sans rien dévoiler et quelque soit le mode de lecture choisi, disons que le dénouement surprenant tombe un peu à plat. Même si tout redevient logique et expliqué, le twist final, même si vaguement original, reste quand même bateau et donc décevant. 
Bien écrit ( donc bien traduit), "La dernière maison avant les bois" propose une galerie de personnages très fouillés, psychologiquement passionnants mais pâtit d'une montée de mayonnaise assez lente et d'une telle confiance en un final qui va plaire aux lecteurs, que l'intrigue fanfaronne de trop de détails tout en semblant dire constamment  aux lecteurs : "Vous allez voir, ce que vous allez voir !". A trop promettre... 



 

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