dimanche 19 février 2023

La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov


Une jeune musicienne russe de la fin du 19 ème croise Tchaïkovki dans une soirée et, âme totalement romanesque, se dit : je l'aime ! Quand on est une oie blanche comme elle, l'amour est un sentiment romantique bien loin de la réalité. Antonina, exaltée, va tomber à pic pour le grand musicien en pleine ascension. En acceptant de l'épouser ( faut dire qu'elle l'a tanné plus que de raison) il s'achète ainsi une vitrine sociale et ainsi plus ou moins camoufler son goût exclusif pour les jeunes hommes. Entre une qui s'aperçoit que l'amour peut également être physique et l'autre qui vomit dès qu'elle approche, disons que le mariage bat de l'aîle. 
C'est à partir de cette trame que Kirill Serebrennikov va broder un film dont on peut chercher ce qui peut bien l'intéresser là-dedans. Ce n'est pas du tout un portrait féministe comme le carton de départ peut espérer le faire croire. Jamais nous ne sommes touchés par son héroïne, assez malmenée et dans sa réalité et par le réalisateur qui ne la rend jamais attachante. Ce n'est pas non plus un portrait du musicien car, Tchaïkovski n'est ici qu'un prétexte juste en arrière-plan ni un vague plaidoyer pour que l'on vive sans détours son homosexualité en Russie. 
L'intérêt du film réside sans conteste dans la façon dont le réalisateur s'empare de cette histoire pour en faire un sommet de lyrisme avec une mise en scène flamboyante, virtuose, tragique, livrant des plans sophistiqués, sinueux, virevoltants, magnifiquement cadrés, jouant sur la lumière et la noirceur. L'oeil ne s'ennuie jamais tant il est sollicité de toute part ( trop peut être que cela peut finir par apparaître amphigourique ? ). Pour le spectateur, ça passe ou ça casse. Evidemment on ne peut s'empêcher, époque oblige, d'y voir une symbolique qui n'y est peut être pas. Et si Antonina était une version féminine de Vladimir Poutine, voulant quelque chose qui ne lui appartient pas, ne lui appartiendra jamais et sombrant dans la folie la plus noire ? Dans cette vision là, les scènes avec tous ces jeunes mecs à poil dont Antonina/Vladimir tâte le sexe ou danse avec  sont sans doute un pied-de-nez... mais plus sûrement la mise en images des fantasmes du réalisateur. 
Quoiqu'il en soit, "La femme de Tchaïkovski" ne laissera personne indifférent et c'est déjà l'essentiel. Sans doute un film prétexte pour se laisser aller à un cinéma inspiré mais aussi un peu grandiloquent, qui peut trouver autant d'amateurs que de détracteurs, une sorte de condensé de cette "âme russe". 

 

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