vendredi 3 février 2023

Un petit frère de Léonor Serraille


Raconter la vie d'une femme ( mais aussi de ses deux fils ) sur 30 ans, est un pari risqué au cinéma. Si en plus cette femme nous la croisons arrivant de Côte d'Ivoire et essayant de s'insérer dans une société française pas des plus formidablement accueillante, on sent le film social, peut être donneur de leçon, pointer le bout de son nez. Le résultat est tout autre, bien plus universel et sensible, car derrière la caméra, Léonor Serraille est une vraie cinéaste. Divisé en trois parties, le film, dans son premier volet, accroche tout de suite le spectateur par le naturel et la grâce de sa mise en scène, qui pose sans cliché, sans pathos , les espoirs d'une mère sacrément libre dans sa tête et voulant à tout prix le meilleur au moins pour ses enfants. On reste baba devant la fraîcheur et la spontanéité des rapports des personnages bouleversants de vérité. Les deux parties suivantes vont s'attarder à suivre les deux enfants devenus grands. L'aîné d'abord, toujours formidable Stéphane Bak, puis le petit frère, tout aussi formidable Ahmed Sylla. Si la seconde partie peine à être réellement convaincante, sans doute par un problème de scénario qui n'arrive pas à retrouver la spontanéité des situations de la première partie, le dernier tiers rattrape heureusement l'ensemble et termine avec émotion ce beau film de famille et ce subtil portrait de femme, de mère, magnifiquement interprété par Annabelle Lengronne. 
Loin des clichés misérabilistes que l'on pouvait craindre, "Un petit frère" emporte l'adhésion grâce à sa finesse et à une direction d'acteurs parfaite, prouvant que le talent du cinéma français se trouve vraiment dans ses films dits du " milieu" ou "art et essai", talent parce qu'il sait émouvoir et intéresser tout à la fois. 

 

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