mardi 13 novembre 2018

High Life de Claire Denis


Après avoir tâté de la comédie ( "Un beau soleil intérieur" de sinistre mémoire), louons l'éclectisme de Claire Denis de nous proposer un film apparemment de science-fiction. Des réalisateurs qui osent s'essayer ( ou parviennent à trouver des producteurs ) à des genres bien définis, se comptent en France sur les doigts d'une main. De plus entraîner à sa suite deux stars internationales comme Robert Pattinson et Juliette Binoche ne peut que créer une envie de foncer au cinéma.
Le résultat s'avère... étonnant. Avec un maigre budget, ( nous ne sommes pas dans "Gravity" loin de là), dans des décors que l'on devine faits de bric et de broc et  un récit éclaté pour suggérer un certain mystère, la science-fiction fait long feu et laisse la place à ce qui semble être une réflexion sur l'humanité, son animalité et son obsession à se lancer dans des dérives scientifiques improbables.
Dans des décors minimalistes, déambulent Bob Pattinson et sa fille, née d'expériences d'un certain Docteur Dibs, joué par une Juliette Binoche aux longs cheveux noirs, sorte de mix entre médecin fou et sorcière sexy. Dans ce vaisseau en forme de boîte,  des humains ( volontaires ?  Prisonniers envoyés explorer le système solaire ? ) se sont laissés allés à leurs instincts primaires, c'est à dire à la violence et au sexe ...mais sous forme de pulsions jamais assouvis avec un partenaire. Pour se libérer de ce trop plein d'excitation, un passage dans la chambre aux délices, sur un fauteuil de tous les fantasmes, seul(e) avec ( ou sans ) godemiché, peut toutefois s'envisager. De vol de sperme ( Binoche endort tous les passagers afin de voler de la semence masculine pour l'inséminer aux jeunes femmes présentes ) en bagarres haineuses, le film avance cahin caha dans un voile ésotérique qui obscurcit de plus en plus le propos ( dans tous les sens du terme ) et finit par lasser le spectateur. Ils errent dans l'espace, cherchant je ne sais quel trou noir et nous, pauvres spectateurs embarqués, sentons l'ennui nous envahir, à l'image de Bobby Pattinson, affichant un air de plus en plus dubitatif. Que fait-il là ? Que faisons nous là ? Il fait des guili guili, joue les chevaliers taciturnes et abstinents ( donc peu de dialogue et une tête inexpressive) pendant que Binoche joue de ses (faux) longs cheveux en essayant de garder un air à la fois inspiré mais inquiétant. La narration se dilue dans l'espace, la confusion règne. Le film s'achève abruptement, le rendant encore plus obscur.
Reste cependant une geste cinématographique quelque part audacieuse, destinée sans doute à quelque élite possédant un trousseau de codes divers et variés pour décrypter le tout. Claire Denis gagne déjà sur le chapitre de la curiosité filmée....


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