dimanche 18 novembre 2018

Inexorable de Claire Favan



Le polar débute par une préface écrite par le fils de l'auteure nous précisant que ce qui va suivre est en partie inspiré de sa vie. Tout de suite on comprend que l'école et ses professeurs à la vue basse et à la psychologie moins que basique va en prendre un coup. Des mots sont lâchés, enfant handicapé, différence, harcèlement, ... Le sujet est largement entendable et honorable dans une société ( et une Education Nationale) qui se gargarise de "Bienveillance", de " Confiance",d' " Epanouissement" . On le sait, plus ces mots sont prononcés, moins ils auront d'effets, car servant uniquement de cache-misère.
Donc Milo, 4 ans au début du roman, vit avec sa mère Alexandra ( blonde et très jolie) dans un petit pavillon de banlieue. Le père, Victor, ex militaire ( beau, grand et musclé) est souvent et longtemps absent car travaillant à l'extérieur. Peu importe que ces missions lointaines ne rapportent que des clopinettes, elle l'aime sans trop se poser de questions ( belle mais un peu sotte quand même). Une nuit, la police fait irruption dans la maison et arrête violemment Victor. Dénoncé par une ex maîtresse d'avoir pillé de nombreuses bijouteries, il sera jugé ( aux frais d'un patron inconnu, ce qui arrange la belle Alexandra, tirant le diable par la queue) puis emprisonné. L'épouse tombe des nues... ( Y'a des naïves quand même) et Milo, traumatisé par l'arrestation musclée de son père, certes musclé lui aussi mais à l'image soudain altérée, devient un petit garçon violent à l'école et crachant la Chocapic à la figure de sa mère. S'ensuivront des années de galères en milieu scolaire pour le gamin et sa pauvre maman ( qui ne perd rien de sa beauté). Le père, une fois libéré, a du mal à renoncer à ses occupations dans la bijouterie. Le beau voyou, le meilleur dans sa branche, intéresse diablement une organisation de malfrats. Seul rayon de soleil dans cet univers sérieusement vermoulu, Franck, le voisin de la famille, policier et ... très beau.
Je n'en dis pas plus. Rassurez-vous, au cas où vous auriez envie de connaître la suite, ce résumé ne concerne que le premier quart du roman, mais le reste sera du même tonneau, peu passionnant et sans nuance. Les amateurs de polar seront tout d'abord décontenancés par le manque d'intrigue réellement policière pendant les deux tiers du récit. Ceux qui ne se lasseront pas de cette litanie de misérabilisme scolaire et  psychologique assénée à l'emporte-pièce façon scénario de sitcom ( tant au niveau de l'écriture... si on peut parler d'écriture ... que de l'enchaînement rapide des actions), découvriront une pseudo enquête autour de jeunes filles assassinées à base d'amnésie ( cliché  pour écrivain pas vraiment inspiré) qui fera vite long feu et laisse pantois.
On voit bien ce qu'à voulu faire l'auteure : un plaidoyer pour l'intégration des enfants dits "différents" ainsi qu'une analyse ( heu, ici c'est un bien grand mot pour le brouet qui nous est servi) de la relation mère/enfant, ( avec cette question essentielle : Jusqu'où peut-on aller par amour ?) emballé dans une sorte de spirale infernale. Jouant lourdement avec  la corde sensible du lecteur et tombant tout de suite dans une rhétorique de roman de gare couplée avec une psychologie de bazar, l'ensemble apparaît franchement décevant. N'est pas Ruth Rendell qui veut ! ( Ou pire, on a en 2018 les Ruth Rendell qu'on mérite). 

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