dimanche 11 novembre 2018

Mister Black de Miguel Pang et Catalina Gonzalez Vilar


S'il y a bien un secteur en littérature qui s'est emparé de la chasse aux clichés et aux stéréotypes, c'est, avec raison, le secteur jeunesse. Tout en gardant les personnages favoris des enfants ( dragon, sorcière, prince, princesse, loup, ...), cela fait maintenant quelques années que pas mal d'éditeurs offrent enfin une alternative aux loups méchants, aux princesses soumises et ...aux vampires noirs.
Quoi de plus noir et inquiétant qu'un vampire ? Mister Black, le héros de cet album, semble posséder tous les éléments de son genre : dents pointues, costume sombre et habitant dans un château lugubre d'une région sinistre. Ca, c'est pour les apparences. Si l'on pénètre dans son intérieur, on s'aperçoit, qu'en privé, loin des regards, Mister Black adore le rose, cette couleur soit disant pour les filles . Même si certaines marques pour hommes proches du milieu rugbystique proposent depuis des décennies cette couleur aux mâles dominants, il faut l'avouer, le rose reste collé au genre féminin. Interrogez des enfants de trois ans sur les couleurs, invariablement, ils vous diront que "le rose, c'est pour les filles!" même pour des garçons portant un polo de ce coloris ( les parents peuvent être audacieux parfois ou plus simplement fashions, ce qui, hélas, ne chasse pas toujours les clichés).
Mister Black, lui, tout vampire qu'il est, ose aller vers ses penchants profonds, pas ceux auxquels on pense, uniquement dans l'intimité car il sait ce que les regards autour de soi peuvent avoir de méchant pour les gens soi-disant différents comme lui qui aiment...le rose. Evidemment, un jour, son secret sera éventé. Mister Black deviendra la risée du voisinage, sera moqué, violenté dans son intérieur, ostracisé ... ( ça rappelle de vilaines choses non ? ) et, du coup, se réfugiera dans la vrai méchanceté...
L'histoire vire vraiment au noir, passant par un climat de violence un peu horrifique comme tout bon compte. C'est fort bien vu, surtout que la dernière partie verra un retournement de situation qui, s'il permet une amélioration de la situation, n'empêche pas l'enfant d'effleurer le constat d'une société assez malveillante qui pourrait se regarder soi-même avant de juger les autres.
Très bel album grand format, "Mister Black" raconte une vraie histoire et joue finement sur la différence et les stéréotypes, tout en permettant à l'enfant d'en prendre plein les yeux grâce à des illustrations un peu particulières, sombres et aux formes arrondies. Une vraie réussite pour ces deux auteurs que sont Miguel Pang et Catalina Gonzàlez Vilar.

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