lundi 4 février 2019

Les estivants de Valéria Bruni Tedeschi


Imaginons une seconde un spectateur qui se pose devant " Les estivants"  sans rien connaître de la vie de Valeria Bruni Tedeschi, ni savoir qu'elle a une soeur chanteuse qui a épousé un président de la République, ni qu'avec son précédent compagnon, Louis Garrel, elle a adopté une petite fille noire et que ce même Louis Garrel vit désormais avec Laëtitia Casta,  ancien  mannequin et que souvent, la propre mère de la réalisatrice joue LA mère dans ses films, que voit-il à l'écran ? Un film aux allures de " La règle du jeu " de Renoir ( seulement l'allure, pas la profondeur) avec  deux scènes chez les bourgeois, une chez les employés de maison, avec un côté foutraque, passant de la comédie au contemplatif, de la satire sociale à une sorte de rêverie fantomatique. C'est parfois drôle, y'a du soleil, des comédiens connus qui, pour certains, ont une ou deux bonnes scènes, y'a Valeria Bruni qui devrait cultiver un peu plus son côté personnage burlesque et déglingué. C'est assez vain, vaguement grinçant, trop long, pesant passé la première heure et finissant dans la brume ( sûrement pour évoquer Antonioni, c'est si chic!). 
Mais la vie est ainsi faite, ( et sinon la promo s'en charge), le spectateur n'ignore rien des aventures familiales des Bruni. Alors, commence un drôle de jeu. Certes c'est du cinéma. D'un matériel autobiographique, naît une histoire un peu différente... La soeur est vaguement piquée mais ne chante pas et si elle est l'épouse d'un mec de droite, c'est d'un ignoble industriel qui a mis à la rue des milliers d'ouvriers. Mais le spectateur reste du coup un petit plus attentif aux répliques, à ce qui se dit et se montre à l'écran. C'est tourné dans la maison du Cap Nègre ? Valeria règle quelques comptes avec Louis Garrel ? Tiens, elle a pris un acteur de " Ma loute" de Bruno Dumont ! Et que penser de cette remarque d'une aïeule du film s'exclamant devant la fille adoptive noire de Valéria :" Et dire que c'est elle qui va hériter de tout ? " Et donc, au milieu de quelques scènes ratées ( Valéria, pour filmer les pauvres, tu n'es pas encore au point ! ), apparaît une sorte de règlement de compte familial dont  on  se sent le voyeur payant. On dirait une thérapie filmique qu'en vraie riche, elle fait un peu financer par de l'argent public. Au final, ça n'a d'intérêt que pour une poignée de proches. Les autres, même s'ils grappillent çà et là quelques jolies scènes, se sentent comme les domestiques du film, les spectateurs pauvres de gens qui nous indifférent et que l'on n'a aucune envie de plaindre. 




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