mercredi 2 juin 2021

Les Flandrin, artistes et frères.


 Le musée des Beaux Arts consacre jusqu'à début septembre une grande exposition consacrée aux oeuvres de natifs de la ville : les frères Flandrin... Qui ?!!...questionneront ceux pour qui l'art pictural se résume à Picasso et Renoir.

Auguste, Hippolyte et Paul Flandrin sont nés au commencement du 19 ème, époque où dominait une peinture néoclassique qu'un préromantisme gagnerait petit à petit. Pour votre gouverne, lâchons tout de suite, le tableau phare de cette exposition. Comme De Vinci a peint sa Joconde, Hippolyte Flandrin a donné à l'art "Jeune homme nu assis sur un rocher, au bord de la mer" (exposé en temps normal au Louvre) . Le titre est un peu long pour venir instantanément dans la bouche du grand public, mais il a beaucoup inspiré et servi depuis un demi-siècle à illustrer les couvertures de nombreux livres. 

Hippolyte Flandrin 1835/1836 Jeune homme nu assis sur un rocher, au bord de la mer.

C'est la pièce phare de cette exposition, celle devant laquelle les visiteurs s'attardent le plus ou font des selfies... 
Mais l'exposition, très finement organisée en neuf thématiques, permet de découvrir l'étendue des talents de ces frères, même si c'est Hippolyte la star, plus productif et pour cause puisque l'ainé Auguste est mort à 38 ans et que Paul a longtemps peint dans l'ombre de son frère. 
Très joliment scénographiée, cette rétrospective nous présentera d'abord les trois frères dans de touchants portraits peints, dessinés ou photographiques, puis s'attardera sur le remarquable travail autour du corps nu lors de la résidence d'Hippolyte à Rome, à la villa Médicis où l'on sent l'influence de leur maître avec qui ils resteront en relation toute leur vie : Jean-Auguste-Dominique Ingres. 

Hippolyte Flandrin 1833/1834  Polytès, fils de Priam, observant les mouvements des Grecs ( pour des titres qui flashent, Hippolyte n'était pas le meilleur)

Beaucoup de corps d'hommes,  peu de femmes chez les Flandrin et du coup ils resteront une référence dans la représentation du nu masculin autre que guerrier ou biblique. On trouve toutefois de belles choses comme ce portrait tout en sensualité retenue : 

Hippolyte Flandrin 1840 Etude Florentine ou Jeune fille en buste, les yeux baissés

Mais, et c'est le but de cette exposition, les oeuvres des frères ne se résument pas à quelques jeunes mâles dénudés. Les trois frères et Paul en particulier,  furent également de remarquables peintres de paysage ( souvent italiens), à l'huile bien sûr ...

Ou à l'aquarelle, technique qui connut un vrai engouement à partir du 19 ème. 



Paul Flandrin 

On peut admirer également ce paysage d'Hippolyte aux allures très modernes pour l'époque :



Pour nourrir son homme, un peintre au 19 ème portraitise toute la bourgeoisie locale. Les frères Flandrin eurent beaucoup de commandes de la part des notables lyonnais. Dans les nombreux portraits un peu austères généreusement exposés, on pourra retenir cette Jeune fille à la robe bleue (1861) de Paul Flandrin, joliment mais classiquement posée devant un paysage dont ils firent leur spécialité. 

Paul Flandrin ( 1861) Jeune fille à la robe bleue

Deux grandes salles sont consacrées à l'oeuvre monumentale d'Hippolyte qui conçut de grands décors pour des bâtiments publics. Mais son chantier le plus important fut sans conteste le décor  de l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris ( dont la nef fut achevée par son frère Paul). Une immense salle vidéo nous plonge dans cette oeuvre unique par som ampleur et récemment restaurée. Dans un coin de l'une de ces deux salles, on pourra poser un oeil sur une petite originalité ( me semble-t-il) , le croquis d'un Jésus sur sa croix, nu, sans pagne... 
La visite se termine par la désormais classique petite exposition des artistes contemporains que les frères Flandrin ont inspiré : Puvis de Chavanne, Maurice Denis, la photographe Imogen Cunningham et évidemment Robert Mapplethorpe que le Jeune homme nu assis... ne qu'avoir titillé dans sa création. 

Robert Mapplethorpe Ajitto 1981

Si vous passez par Lyon d'ici le 5 septembre, foncez voir cette très intéressante exposition autour de ces frères Flandrin qui méritent une belle reconnaissance. Ne vous fiez pas à l'austère extérieur du musée des Beaux Arts de Lyon, car, en plus de recéler un fond permanent très important, il possède un jardin intérieur extrêmement  agréable et accueillant qui saura vous reposer et de la chaleur estivale et des rumeurs de la ville. 








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