vendredi 4 juin 2021

Suzanna Andler de Benoît Jacquot


 Benoît Jacquot filmant une pièce de Marguerite Duras que cette dernière n'aimait pas beaucoup, avouez qu'il y a mieux pour avoir des envies de prendre un ticket de cinéma. "Suzanna Andler" ne fait que confirmer que durant cette période de remplissage à seulement 35% de la capacité des salles, les distributeurs nous refourguent vraiment tous leurs rossignols, films bancals, impossibles à vendre à Netflix ou simplement ratés. 

Inutile de le cacher, ce trio de boulevard, la mari ( dont on parle mais que l'on ne voit jamais) , la femme et l'amant n'a rien d'original et cette version de la chère Marguerite n'arrange rien. Nous avons droit à un verbiage bourgeois assez insipide.... Il me trompe, je décide de le tromper... Je t'aime oui mais m'aimes-tu ? Oui je mens, tu mens toi ? Ment-il pour je mente ? Mens-je pour mieux t'aimer ? Tu m'aimes mais ne mens-tu pas ? Mentir est-ce tromper ? Tromper est-ce mentir ? Je le trompe, je mens, mais je me trompe en me mentant à moi même, donc à toi, donc à lui... Il est certain qu'à ce régime là, on peut être très vite lassé par cette logorrhée et ces problèmes d'oisifs dont on n'a rien à faire.  On s'aperçoit dès les premiers plans que le costumier fou à encore frappé ! Nous sommes censément dans les années 60 et Charlotte Gainsbourg ( jouant une bourgeoise dans la quarantaine) apparaît en robe mini, bottes à hauts talons ( à la découpe originale très 2020) et manteau de fourrure long en ocelot, le tout signé Anthony Vaccarello pour Saint Laurent, mais qui à l'écran fait plus penser à du Jennyfer en solde ( dernière démarque). On rit de la dégaine et on en profite car ce sera la seule occasion durant une heure trente. Après,  nous avons donc un face à face de Charlotte avec Niels Schneider... Ils sont amants ... et pourtant on n'envisage pas une seconde qu'ils aient envie de faire quelques galipettes ensemble, il sont tous les deux une pub vivante pour réduire la natalité ou faire la promotion de l'asexualité. 

Donc, force est de constater que ce film soporifique est à éviter sans l'ombre d'un doute ? Pas tout à fait... Il y a une sorte de miracle dans cette adaptation tournée en moins d'une semaine, c'est Charlotte Gainsbourg ! Bien qu'attifée de la pire manière, malgré des dialogues aussi surannés qu'abscons, elle arrive à ne pas être ridicule, mais surtout à s'emparer du texte de Duras sans jamais copier de précédentes actrices célèbres ( Seyrig ou Moreau, à la diction faussement emphatique). Et comme la caméra de Benoît Jacquot la filme avec un amour certain, aidé par un éclairage subtil, il se passe une chose assez rare à l'écran, la comédienne fait oublier et partenaire mollasson et théâtralité oiseuse, pour briller calmement et s'imposer avec un talent infini. On ne voit, n'entend qu'elle.... mais est-ce suffisant ? 

Le film sera à classer dans les curiosités qui peuvent être vues malgré leur caractère soporifique  grâce à la performance de son actrice principale. Avant on disait d'un bon acteur qu'il pourrait lire l'annuaire sans ennuyer, et si Charlotte Gainsbourg avait relevé le défi avec Duras ? 




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