jeudi 10 septembre 2020

Festival 2020 du film américain de Deauville ( 3)

 

Les jours se suivent au festival du film américain de Deauville et ...se ressemblent. Nos bienveillants membres du jury ont beau répandre la bonne parole lors d’interviews dans la presse locale ou sur les télés régionales  ( une autre vision de l’Amérique...bla-bla-bla...un cinéma hors des sentiers battus...bla-bla-bla... quelle fraîcheur que le cinéma indépendant US...bla-bla-bla...on dirait des politiques récitant leurs éléments de langage), les festivaliers ressentent bien le formatage et le manque d’originalité de cette sélection, sans doute assez représentative de l’état de la création états-unienne. 

En gros, un film indépendant relate une histoire avec forcément un adolescent, souvent au fin fond d’un état bien bouseux, en situation précaire ( parents souvent endettés, alcoolos voire pire, ...morts aussi ou partis on ne sait où) et le tout filmé en hiver. Bien sûr, on peut trouver, dans les marges quelques variantes. Dans «Lorelei », premier film de Sabrina Doyle, les ados sont en seconds rôles mais la mère se débat pour trouver du boulot comme son ex amant de retour de prison. Et même si celui-ci semble plus intéressant que beaucoup vus ici, il n’échappe pas â un certain conformisme. 

« The Violent Hart » de Kerem Sanga , filme une belle blonde  étudiante ( la variante est qu’elle est issue d’un milieu relativement aisé) qui tombe amoureuse d’un mécanicien noir. Ah... se dit-on ...finira-t-on par coller à une certaine actualité récente ? Que nenni, le film préfère prendre la voie du thriller avec  une dernière partie aux multiples rebondissements qui donnent à l’ensemble la forme d’un gros mélo too much.

Toujours une adolescente dans le premier film de Jessie Bart « Sophie Jones », la variante ici vient que c’est filmé en été et qu’elle essaie de faire le deuil de sa mère. Là aussi, rien d’original ni dans le traitement ni dans le fond. On roule en voiture, on drague, on va dans des fêtes, donc le spectateur s’ennuie un peu. 

Au passage, une petite remarque sur le puritanisme américain, toujours en vigueur, même dans le cinéma indépendant où l’on sent bien que le corps est tabou pas les armes. Les héroïnes font toutes l’amour en soutien-gorge et les gars en boxer ( so sexy!) . Ouf, nous sommes sauvés, la décence  demeure dans le pays où l’on produit le plus de films pornos. 

Les espoirs des festivaliers se sont tournés jeudi après-midi vers une production americano-canado-anglaise « The Nest » de Sean Durkin. Pas d’ados ( ou très peu), tourné en Grande Bretagne, les acteurs nus pour faire l’amour et Jude Law en vedette... Hélas, cette chronique de la chute d’un trader a sombré dans le convenu et le déjà vu ( en mieux). 

Alors que la compétition touche à sa fin, on se demande ce que Vanessa Paradis et son jury vont tirer de tout ça. Certes, demain seront projetés les deux derniers longs-métrages de la compétition, une histoire d’ado ( encore) qui entretient une relation tarifée avec un homme marié, « Shiva Baby » premier film de Emma Seligman qui semble mordant sur le papier et le très attendu et précédé de très bons échos « Kajillionnaire » de Miranda July ( sortie le 30 septembre sur les écrans) . Espérons qu’ils enflammeront les planches qui ont vraiment, cette année,  manqué de peps cinématographique.



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