Qui a dit que le cinéma français n'était bon à fabriquer que des comédies formatées, banales et sans grand intérêt ? Heu...moi entre autre... Et puis voilà, après "Effacer l"historique" la semaine dernière, une deuxième preuve que les cinéastes français bougent encore et ne sont pas tous à la botte de producteurs frileux et visant l'audience télé.
"Enorme" se révèle totalement surprenant, même si une habile bande annonce laisse présager le contraire. On connaît le pitch de l'histoire : un mari ( formidable Jonathan Cohen aussi agaçant qu'attachant) réussit à mettre enceinte son épouse grande concertiste qui n'a aucune envie d'avoir un enfant. La situation de départ, fait bien comédie, mais Sophie Letourneur a décidé de dézinguer le genre en poussant les situations jusqu'à l'absurde comme rarement dans le cinéma français mais aussi en mettant en place un dispositif très particulier, mêlant documentaire et fiction. A l'écran, même si l'on voit parfois les coutures de ce mélange, tout fonctionne parfaitement. La réalité croise la comédie, le tout donnant un côté réaliste étonnant.
Côté comique, nous versons plutôt dans le grinçant et même si la partie "énorme", lorsque le personnage de Marina Foïs double soudain de volume, rappelle le cinéma de frères Farelly, le spectateur est quand même pris à rebrousse poil, riant jaune devant cet homme s'accaparant entièrement du corps de sa femme ( après avoir déjà totalement pris son esprit ). Ce sont ces situations diablement inconfortables qui font le sel du film. Hélas, et ce sera le petit bémol, la fin de l'histoire, penche soudain dans une bien pensance imprévisible. Certes, la très réussie longue scène de l'accouchement nous y amène doucement, mais tomber dans une sorte de béatitude ma(pa)ternelle surprend un peu ( dans le mauvais sens). Est-ce une pression des producteurs qui voulaient une fin ( presque) heureuse ou tout du moins empreinte de joliesse nataliste, alors que franchement, on s'attendait à un vrai grand coup de pied final ? On n'en saura rien ( je pense) et l'on rentrera chez soi, heureux toutefois d'avoir vu un film original, pas totalement réussi, mais dont l'originalité mérite amplement le détour.
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