C'est PRESQUE avec dévotion ( titre de l'opus précédent, ne croyez pas que je sois tombé dans la béatitude) que je me suis précipité pour acheter le nouveau roman de Julia Kerninon, tellement son troisième roman m'avait impressionné.
C'est énormément déçu que j'ai refermé "Liv Maria". Me voilà délivré de toute dévotion, tant cette nouvelle parution m'a paru peu inspiré.
Nous sommes pourtant en terrain connu, déjà labouré par l'autrice: un destin de femme. Mais autant la précédente fois, c'était fouillé, charpenté par une réalité que magnifiait une écriture au cordeau, que cette fois-ci, tout va très vite. Liv Maria saute de son île bretonne à Berlin. Elle a eu à peine le temps d'apprendre toutes les positions du Kamasutra avec un iralndais que la voilà déjà au Chili créant des espaces hôteliers, puis dans le commerce des chevaux tout en continuant à mettre à profit ses connaissances sexuelles avec tous les gringos qui passent. Puis elle se cogne à un routard irlandais. Bingo ! La voilà enceinte et mère de famille en Irlande! Quelle vie ! Mais ce n'est plus un roman mais un vague résumé de roman. Tout rebondit avec une telle facilité que l'on n'y croit pas une seconde ( et je ne parle pas du coeur du livre, le fameux mystère qu'elle cache, aussi crédible que la possibilité que les bateleurs littéraires de la télé et la radio aient lu les livres dont ils parlent).
Le pire peut être, c'est que l'autrice a abandonné son style si perlé, pour nous offrir une sorte de tout-venant banal, parsemé ici ou là d'images sensément poétiques parfois risibles ( " Elle avait plongé la tête la première dans l'eau fraîche du coeur de Flynn") ou de notations littéraires lourdement pédagogiques, sans doute pratique pour avoir une petite idée sur Faulkner ou Beckett, mais totalement déplacées dans le contexte de ce petit roman sauf pour impressionner quelques blogueurs (euses) ignares. Jamais je ne suis parvenu à m'imaginer Liv Maria. Avec une psychologie de cacahuète et un vague remord sur son passé berlinois, on ne peut pas dire qu'elle soit foncièrement passionnante.Elle a beau virevolter sur le globe, paraître libre, Liv Maria ne reste que l'ébauche d'un personnage dont le roman reste à écrire ( mais en enlevant les tonnes de facilités).
Un partage intéressant car vous aviez déjà lu cette auteure quand, pour ma part, c'était la première fois. Peut-être est-ce pour beaucoup dans votre perception, le prisme de la comparaison ? Je vous laisse partager le titre de son écrit qui vous avait tant enchantée.
RépondreSupprimerEn effet, il y a des "facilités", toutefois à mes yeux cette histoire relève plus, en quelque sorte, du conte que du roman. En entrant sur ses terres par le regard du conte, cela peut offrir une distance par rapport aux facilités, aux différents voyages et, surtout, considérer bien plus le chemin intérieur de Liv Maria que les faits, sa "réalité", les évènements.