Parfois dans la vie d'un lecteur, on croise des livres qui ne sont pas pour vous, mais alors pas du tout ! Prenons donc le nouveau roman de Carole Martinez, dont j'avais adoré il y a quelques années " Le Domaine des Murmures", la lecture des ses "Roses Fauves", menée jusqu'au bout, m'a prodigieusement barbé. Le livre serait-il raté ? Trop magique ? Trop merveilleux pour un lecteur trop terre à terre? Sans doute un peu de tout cela.
Résumons l'histoire. La narratrice, l'auteur elle-même, cherche un endroit bien précis pour situer son futur roman. En surfant sur le net, elle tombe en arrêt devant une carte postale représentant le village idéal. Sur cette photo, on aperçoit, une silhouette de femme que l'auteure imagine tout de suite boiteuse. N'écoutant que son instinct ( merci Airbnb!), elle loue un studio dans cet endroit et s'installe quelques mois pour écrire le roman. Hasard heureux ( comme dans les romans), elle devient amie avec la postière du village qui est boiteuse, en plus d'être célibataire, un poil revêche et vierge ( mais, ouf, jolie quand même). Double chance pour l'auteure, cette postière a aussi des origines espagnoles et possède ( ô joie !) dans sa grosse armoire bretonne des...coeurs cousus ! ( Pour les petits nouveaux, "Le coeur cousu" est le titre de son premier roman qui a ému des milliers de lectrices-teurs). Le roman se partagera dorénavant avec les écrits que contient un de ces coeurs, l'histoire d'amour que vivra la postière avec une star de cinéma en tournage dans le secteur et d'autres histoires locales qui remonteront du passé.
Résumé ainsi, on pense à un roman à l'eau de rose sauf que nous sommes avec Carole Martinez, publiée chez Gallimard quand même, donc à mille lieues, niveau écriture, d'une Virginie Grimaldi. Les thématiques du roman sont nombreuses, allant de sujets à la mode comme la transmission, les gens de peu ( mais si beaux ), les traces du passé à des choses plus littéraires comme l'angoisse d'une auteure face à l'écriture d'un nouveau livre ou le rapport ambiguë des personnages avec sa créatrice. Mais parce que l'action se déroule en Bretagne et pour retrouver sans doute le pouffant du Kouign Amann, elle y rajoute, un peu de magie, un peu de merveilleux, un peu de poésie.
Et donc, ça m'a paru bien bourratif ! C'est vrai, dans la vie , je n'aime pas la spécialité bretonne au beurre, et en plus je suis porté à m'émouvoir sur des récits qui restent dans une certaine réalité. Ici entre les rosiers qui poussent et fleurissent en une nuit, la star de cinéma exaltée qui tombe raide dingue de la postière ou les fantômes du passé qui resurgissent au fond des bois ( entre autre), j'ai été servi. Et comme je me suis beaucoup ennuyé à lire tout cela, j'ai pu gamberger un peu. L'autrice a du mal à écrire son nouveau roman ( 5 ans nous séparent de son précédent) ? Celui-ci, partant un peu dans tous les sens, réutilisant quelques vieilles recettes à succès, se mettant en scène de façon peu sympathique ( jalousant même le personnage de la postière qu'elle abandonne comme une vieille chaussette vers la fin) n'en est-il pas la parfaite illustration ? Quelques idées sans doute, un style indéniable pour un résultat qui m'a paru poussif, pas franchement inspiré.
Je sens bien que " Les Roses Fauves" n'est absolument pas fait pour moi. Je sais par ailleurs que beaucoup de lectrices adorent ...( des lecteurs aussi je pense) , mais trop de merveilleux et quand même beaucoup de guimauve et un soupçon de mignardises, m'ont coupé tout plaisir de lecture. Alors, ceux qui aiment tout cet arsenal poético/bienveillant trouveront leur bonheur... et c'est tant mieux.
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