mercredi 21 novembre 2018

Amanda de Mikaël Hers


Convaincre d'aller voir toute affaire cessante ( tout du moins tant que le film est encore à l'affiche) "Amanda" , peut s'avérer compliqué. Le thème, pas des plus fantaisistes, autour d'un attentat parisien ( ici au bois de Vincennes en plein été) et du deuil qui s'ensuit pour de nombreux parisiens et surtout pour un grand adulescent et sa nièce qui ont perdu leur soeur ou mère, laisse présager une histoire mal aimable, larmoyante, dure, que l'on peut ne pas avoir envie de se faire conter alors que l'hiver est là. Mauvaise pensée, le film n'est rien de tout cela, simplement lumineux, sensible, ensoleillé, bruissant de l'empathie d'une caméra caressant ses interprètes sans jamais tomber ni dans le mièvre ni dans le mélodrame, cueillant au vol leurs émotions, tout en retenue.
- Mais, il y a pourtant Vincent Lacoste, notre grand dadais comique, qui doit bien arriver à nous faire sourire non ?  pensez-vous en scrutant la distribution.
Certes il occupe tout l'écran pendant 1h45, mais mauvaise nouvelle pour les amoureux de la poilade devant une comédie française, Vincent Lacoste aborde pour la première fois un vrai rôle dramatique ( même si cette année on l'a vu dépressif ou homo amoureux, les réalisateurs lui avaient quand même aménagé des saillies humoristiques). Et si l'on sourit devant son impeccable interprétation, c'est uniquement par sympathie pour son personnage qui fait face à l'adversité avec une fausse bonhommie, laissant juste transparaître avec pudeur sa peine, son désarroi. Son jeu sensible d'étonné et de désarmé fait merveille.
Mais "Amanda" ne se limite pas à son interprète principal. Isaure Multrier nous ravit aussi dans un rôle de vraie petite fille ( pas une sorte de chienne savante espiègle et un tantinet tête à claque que les directeurs-trices de casting nous fourguent habituellement) et le reste de la troupe est au diapason ( avec une très belle scène finale avec le retour de Greta Scacchi). Et puis, il y a la grâce de Mikaël Hers, qui possède un vrai regard de cinéaste, un vrai univers aussi, mêlant la nature, la ville ( Paris comme on le voit rarement à l'écran), la vie, pour nous donner un sentiment de douceur ( apparente car dans les têtes, c'est aussi le chaos).
Film sur la résilience, les liens affectifs , parentaux ou pas, sans esbroufe de scénario, avec une émotion à fleur d'écran,  "Amanda"  étincelle sur l'écran, nous bonifie et nous fait aimer la vie malgré l'adversité. Un coup de coeur !


1 commentaire:

  1. Bizarrement,ce film ne m'a pas touché autant que je l'aurais pensé? Je cherche encore ce qu'il m'a manqué...Ou ce qui était de trop peut-être?

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