mardi 21 janvier 2020

L'homme qui pleure de rire de Frédéric Beigbeder


Le héros du livre se nomme Octave Parango, double littéraire de l'auteur. Il vient d'être viré de France Publique, une radio dont la matinale fait les meilleurs scores d'audience. Il faisait partie de ces humoristes qui posent une respiration à la fin de la tranche d'informations. Dilettante, noctambule, sa dernière prestation, encore sous les effets de quelques substances alcoolisées et chimiques  fut totalement improvisée et provoqua le courroux de sa direction comme de ses collègues animateurs. Et hop, en deux temps trois mouvements, il est éjecté de la maison ronde! Le livre revient sur cet incident et sur la nuit qui l'a précédé. 
Ca démarre plutôt sur les chapeaux de roue, avec une description aux petits oignons du 7/9 de France Publique ( donc France Inter), et ça continue sur une réflexion très pertinente sur la place de l'humour dans cette radio, dans les médias et dans nos sociétés. Frédéric Beigbeder sait se montrer profond et talentueux. Il aligne les belles phrases du genre : "Le sarcasme des humoristes est généralement présenté comme la réponse indispensable à l'arrogance des puissants, mais ne perdons pas de vue qu'il est la vengeance des impuissants. " C'est plaisant, (im)pertinent mais loin d'être l'essentiel du livre qui très vite va se focaliser sur sa personne. Tout devient plus nombriliste, agaçant. Ses errements dans la vie comme dans les bars branchés autour des Champs-Elysées intéresseront les happy few qui l'ont croisé. Entre deux coupes de champagne, une prise de Kétamine ( le truc à la mode pour planer), un mannequin forcément sublime, il résume sa vie professionnelle ainsi : " Après donné aux consommateurs l'envie d'acheter des choses dont ils n'avaient pas besoin, puis fait désirer aux hétéros des femmes qui n'existaient pas ( rédacteur en chef du magazine LUI), je devais à présent provoquer l'hilarité des automobilistes pour leur faire oublier la désintégration du modèle social." Bien sûr, cela reste cynique et sans doute vrai mais pas dans la totalité. On doute fort que ce mondain, fondateur du Caca's Club ( des nantis qui font des conneries dans des soirées chics et organisaient des bals tout aussi branchées au Queen's ou ailleurs), se préoccupe un tant soit peu de notre modèle social. Et c'est dans ces poses vaguement nihilistes, tout à fait narcissiques, que Frédéric Beigbeder entraîne le lecteur pour essayer de l'apitoyer sur son sort. Dire que cela fonctionne serait mentir. On s'en fout ! Surtout qu'il délivre, en plus, des pages d'un machisme totalement daté, qui font que l'on n'est pas étonné de son manque de succès auprès des créatures qu'il convoite. 
Ce n'est pas un homme qui pleure de rire que l'on aurait dû mettre en couverture, mais un qui fait un peu la tête, pour ce livre assez vain sauf dans son premier quart... 


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