jeudi 2 janvier 2020

Les filles du docteur March de Greta Gerwig


Greta Gerwig, la nouvelle égérie du cinéma indépendant US frappe là où on ne l'attendait pas, en adaptant le vénérable et larmoyant " Quatre filles du docteur March" . N'est-ce pas cela le sommet de la branchitude, revisiter l'improbable, lui donner un nouveau lustre, voire une nouvelle lecture.
A l'écran, cette nouvelle version apparaît assez respectueuse de l'oeuvre originale, seul un montage sautillant d'une époque à l'autre lui donne un air moderne et intello. Donc, on retrouve les robes à crinoline, la scarlatine ou les bons voisins riches qui admirent tellement l'immense bonté de cette famille de femmes ( pour rappel, le bon docteur March est à la guerre). On sera gré à la réalisatrice de ne pas trop jouer l'apitoiement et les larmes faciles, évitant avec souplesse, grâce à une pratique bienvenue de l'ellipse, les moments à possible production de larmes.
Ce qui semble avoir intéressé la réalisatrice, ce serait plutôt le côté féministe du roman ( très très léger à la relecture) et de s'emparer à fond du personnage de Jo, l'aînée, " garçon manqué" comme on disait à une époque où les questions de genre n'intéressaient pas, pour accentuer un discours qui puisse se raccrocher à notre période Meetoo. Sans occulter les difficultés des relations entre soeurs, le message passe bien grâce à la formidable interprétation de Saoirse Ronan qui, ici, rayonne, explose et prouve encore une fois son immense talent. Mais c'est peut être le seul et réel intérêt que l'on peut trouver à cette énième version du roman de Louisa May Alcott ( sauf si vous aimez les belles robes, la musique envahissante et un poil sirupeuse d'Alexandre Desplat et les distributions éclatantes ...oui il y a Thimotée Chalamet ( pas mal du tout) et Louis Garrel, et Meryl Streep et Emma Watson et...). D'ailleurs, on remarquera que dans les précédentes versions des actrices avaient explosé : Katherine Hepburn ( dans le rôle de Jo) en 1933, Elisabeth Taylor en 1949 ( dans le rôle de Amy). Seules peut être, Winona Ryder, Kirsten Dunst et Claire Danes en 1995 contredisent un peu le caractère amplificateur de carrière des adaptations de ce roman. Il serait injuste que Saoirse Ronan ne bénéficie pas de son interprétation fiévreuse et nuancée, totalement emballante.
Ces " Filles du docteur March"  trouveront sans doute leur public ( une salle pleine hier avec beaucoup de jeunes ... l'effet Watson/Chalamet? ) car la facture est belle, classique et respectueuse. C'est un bon spectacle familial pour commencer l'année.

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