lundi 6 janvier 2020

Séjour dans les monts Fuchun de Gu Xiaogang


Le séjour en Chine promis par le titre ne ressemble en rien à un de ces voyages organisés par un tour opérator où vous paresserez béats au bord d'un fleuve ou caressés par une brise montagnarde. Loin des clichés touristiques, Gu Xiaogang nous propose plutôt une plongée sociologique au sein d'une famille assez moyenne d'une ville de Chine beaucoup moins emblématique que Pékin : Fuyang. Pendant deux heures trente nous saurons tout des aspirations du chinois moyen, où la jeunesse est tiraillée entre la tradition forcément contraignante ( mariages arrangés, anciens à s'occuper et multiples codes sociaux locaux) et les supposés joies du libéralisme le plus pur qui gagne à grand coup de pelleteuses toutes les sphères de la société. Dans une ville en plein changement, se jetant dans une rénovation ultra rapide, les membres de cette famille ne parleront que d'argent, de dettes, de richesse comme si leur vie n'était qu'un perpétuel relevé de banque. Seuls le fleuve traversant immuablement cette contrée et les monts qui la surplombent, échappent encore à la frénésie ambiante. La vie reste donc âpre sur les rives du cours d'eau, chacun cherchant en tâtonnant une issue à sa vie, les règles du libéralisme n'étant pas des plus simples. 
Le réalisateur, vraiment inspiré, joue magnifiquement bien entre ces deux situations antagonistes, prenant le temps de filmer la nature au fil des saisons, osant des travellings insensés par leur durée ( un poil auteuriste ? ), s'insérant au coeur de cette famille avec intelligence, pudeur mais aussi avec le regard pénétrant d'un entomologiste. C'est du grand cinéma inspiré qui montre que malgré la dictature, on peut produire des oeuvres majeures et singulières. Ces derniers mois, la Chine, prouve qu'en plus d'être un pays puissant économiquement et le devient aussi cinématographiquement, "Séjour dans les monts Fuchun"  en est encore une fois l'illustration éclatante.  


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