dimanche 13 juin 2021

Nomadland de Chloé Zhao


 Ne faisons pas la fine bouche, "Nomadland" avec 3 oscars majeurs, est, cette année, un bon film. On y trouve tout ce qui plaît aux membres de l'académie, c'est à dire une performance d'acteur-trice ( ici Frances McDormand effectivement parfaite dans son rôle et, pour une fois pour un film ou acteur-trice oscarisé-e sans en rajouter dans la composition) et un sujet fort, prêt à émouvoir le spectateur. 

Produit par la filiale "films d'auteurs" de l'ex Fox rachetée depuis par Disney, nous sommes quand même face à un produit bien hollywoodien. Nous avons aux commandes, la très douée et sensible Chloé Zhao  filmant avec une vraie chaleur ce road movie à bord d'un van ( assez miteux) d'une femme qui traverse les USA et se pose là où il y a de l'emploi ( toujours saisonnier ). A l'écran naît, au fil des séquences,  une vraie empathie, autant avec Fern, l'héroïne principale déterminée mais toujours un peu secrète qu'avec les autres "nomades" rencontrés au fil des mois. Mêlés à une nature très présente, au milieu de paysages à l'âpreté évidente et renvoyant aux vies décrites par le film, les compagnons de fortune ( d'infortune?) croisés, sont portraitisés avec tact et douceur. Le spectateur, malgré l'inconfort de la situation, se sent emporté par une vague de sympathie pour tous ces gens à la recherche d'une possible liberté dans un monde pourtant bien rude. Chloé Zhao a intégré parfaitement la texture des films d'auteurs marquants, sachant filmer les petits détails signifiants avec le talent de couper  la scène juste au moment où l'on pourrait penser que ça commence à faire long. Du coup, même si le temps file doucement à l'écran, sans grandes péripéties, on ne s'ennuie jamais. 

Cependant, malgré la belle mise en scène inspirée et la douce bienveillance qui se dégage du film, on se prend à penser que tout cela est bien joli mais que le film reste seulement en surface des choses et n'est jamais critique ( ou alors à peine suggéré aux détours de quelques scènes) quant au système qui met ces précaires sur la route. Certes, ils peuvent avoir froid, se sentir seuls, mais pas de violence dans les rapports, pas de rejet ( ou si peu), bosser chez Amazon c'est quasi cool... Malgré le sujet, nous ne sommes pas chez Ken Loach, loin s'en faut. 

"Nomadland" restera comme le joli film d'une cinéaste inspirée, qui a l'oeil, le savoir-faire, la compassion chevillée à sa caméra, mettant en avant des rejetés du système mais sans presque aucune dimension. politique. Du cinéma agréable mais manquant un peu d'épices...

1 commentaire:

  1. Pourtant le livre lui, est critique, tant en ce qui concerne la crise qui a envoyé ces gens sur les routes, que sur Amatruc qui met un distributeur d'advil à disposition plutôt que d'améliorer les conditions de travail. Bonne journée.

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