vendredi 22 janvier 2021

Pacific Palace de Christian Durieux

 


La bonne idée des éditions Dupuis, depuis quelques dizaines d'années, est d'offrir le personnage de Spirou à l'inventivité et aux talents de dessinateurs et scénaristes divers ( série le Spirou de...). Cela donne un peu de lustre à un héros moins iconique que Tintin ou Astérix et accessoirement des albums formidablement réussis ( comme ceux d'Emile Bravo). Ces jours-ci, sort le Spirou de Christian Durieux que l'on peut d'ors et déjà classer dans la catégorie belle curiosité. 
Sous cette magnifique couverture, bien loin des albums classiques, se cache une histoire pas inintéressante mais pas sensationnelle non plus, à base de dictateur en fuite se réfugiant dans une palace au bord d'un lac. On y retrouvera donc Spirou, en groom de l'hôtel évidemment, Fantasio, en groom aussi,  mais gardant son oeil de journaliste ouvert et accessoirement Seccotine ( mais pas Spip). Les deux héros tomberont amoureux de la même fille ( celle du dictateur). De l'aventure, un peu de réal politique, un petit questionnement sur l'accueil des dictateurs en exil, de la romance et de l'humour ( sans doute la portion la moins réussie ou tout du moins celle qui s'insère le plus difficilement dans cet album)  composent cette histoire qui pourrait passer pour relativement banale s'il n'y avait ce petit quelque chose en plus qui fait la différence : l'atmosphère. 
Oui, ce "Pacific Palace" , grâce évidemment à un dessin absolument superbe, enveloppe le lecteur dans une atmosphère de fin de règne, jouant habilement sur la beauté ancienne de ce grand hôtel tout comme de ses espaces vides. C'est visuellement magnifique et tellement bien rendu que l'on croirait entendre résonner des pas dans le vaste  hall d'entrée ou le corps de l'énigmatique fille du dictateur glisser dans l'eau de la piscine. Qu'importe l'histoire, qui n'est finalement qu'un prétexte, c'est bien un album d'ambiance à la fois suranné et inquiétant que nous offre Christian Durieux, comme si Spirou avait tenté d'aller l'année dernière à Marienbad. 

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