Que dire de ce roman qui nous transporte dans un plaisir de lecture qui nous fait retrouver autant les joies et les émotions des contes lus enfants que le plaisir des romans déroulant la vie de personnages attachants ? Simplement, que, tout de même, le roman américain se porte bien et Ann Patchett est une conteuse hors pair à la voix sensible.
Comme le titre l'indique, une maison tient un rôle très important dans cette histoire qui court sur plusieurs décennies. C'est une immense bâtisse, le genre de folie architecturale que de richissimes industriels américains aimaient à faire construire au temps de leur splendeur. Celle-ci date du début du 20ème et se dresse dans une banlieue huppée de Philadelphie. Le père des deux personnages principaux l'avait achetée dans les années 60 alors qu'il venait de faire fortune dans l'immobilier. Evidemment, un belle maison ne fait pas forcément le bonheur et ici, ce serait quand même le contraire pour pas mal de ses habitants. Une mère la fuira par dégoût, des enfants y seront tour à tour heureux et malheureux, d'autre seront très attirés jusqu'à l'obsession et toujours, l'ombre de ce mastodonte architectural laissera des traces dans les esprits voire les corps durant toute une vie. Ce sera, entre autre le cas de Danny, le narrateur, homme renfrogné et entier et de sa soeur Maeve, rayonnante et à la forte personnalité. Tous deux seront les victimes innocentes de cette maison qui leur échappera et qui deviendra toute leur vie durant autant le cocon de l'enfance qui ne peut s'effacer, que l'obsédante attirance pour quelque chose de perdu. Longtemps ils viendront tous deux stationner dans leur voiture et regarder ce qui fut le lieu qui nouera leur vie entière.
Le roman, sans aucune mièvrerie, empoigne ces deux vies avec ampleur, jouant avec les périodes d'une façon parfaitement fluide, ne perdant jamais ni le lecteur ni ses personnages denses et formidablement humains. Débutant un peu comme un conte de fée ( avec château, marâtre et méchanceté), faisant un peu penser au Manderley du "Rebecca" de Daphné du Maurier, le roman ensuite se déploiera autour du thème de l'enfance et des liens familiaux, rendant chaque moment à l'apparence banale totalement empathique. On notera que la traduction d'Hélène Frappat ( également écrivaine) ne doit pas être étrangère au plaisir de lecture éprouvé de ce qui est sans doute un des romans étrangers les plus formidables du moment.
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