lundi 1 février 2021

Festival Premiers Plans 2021

 


( Quel dommage de ne pas avoir profité de cette bande annonce en salle, le thème musical "Adagio for square" de Kevin Rodriguez ( version qu'hélas on ne retrouve pas sur les plateformes légales) aurait mis une sacrée ambiance !)

Oui, en cette période de disette culturelle et notamment cinéphile, le festival premiers Plans d'Angers, malgré la pandémie, s'est bien tenu....en ligne. Magnifique initiative d'avoir pu découvrir gratuitement tous les films de la sélection officielle des longs-métrages ( sauf un) et un panel de quelques uns des 80 courts-métrages sélectionnés. Evidemment, le plaisir du partage dans un lieu dédié n'est pas là, mais avoir des nouvelles du jeune cinéma européen fait un bien fou au moral ( même si en général les thèmes abordés sont très loin d'être souriants). Hier soir Pierre Salvadori et son jury ont remis leurs prix. Le gagnant, comme on pouvait le supposer vu les prix déjà décernés à Angoulême et ailleurs, fut le seul film qui n'était pas visible ( le producteur Why Not et le distributeur Le Pacte se réservant sans doute pour une sortie ( triomphale?) en salle  : IBRAHIM de Samir Guesmi ( premier long-métrage du formidable acteur). Impossible de savoir si ce choix est pertinent, mais si l'on en croit les premières critiques parues, on peut le penser. Il ne reste que la bande annonce pour se faire une petite idée...

Ibrahim de Samir Guesmi

Sinon, le jury a décerné un autre prix et une mention spéciale totalement justifiés à deux films documentaires, genre, qui, il faut bien le reconnaître, a dominé la sélection. Le prix Diagonale est allé au film Belge de Paloma Sermon -Daï "Petit samedi", dont la bande annonce ne rend pas vraiment l'intensité qui se dégage de ce portrait d'un toxicomane quarantenaire et de sa mère ( frère et mère de la réalisatrice). Dans une lumière magnifique, sans pathos, avec une extrême sensibilité, nous plongeons au coeur d'une relation intime, un peu dévastatrice  mais profondément humaine de deux êtres qui n'ont que leur amour pour lutter contre ce fléau qu'est la drogue. 


Le jury a attribué une mention au très fort documentaire ukrainien, lui aussi centré sur une famille, mais habitant dans le Donbass, zone en guerre à l'Est du pays : The Earth is Blue as an orange" de Iryna Tsilik, ou comment survivre grâce à la culture et a son envie de cinéma et parvenir à rester dans une zone sinistrée en gardant l'espoir de jours meilleurs. Une leçon de vie et de courage filmée avec une réelle empathie qui ne peut qu'émouvoir. 


Le reste de la sélection était disons... moins emballante sauf le documentaire  français "Le kiosque" de Alexandra Pianelli, film fabriqué de bric et de broc mais émouvant autour de la vie et de la mort d'un kiosque à journaux à Paris, qui nous a quand même offert ce qui restera comme la scène la plus forte, belle et formidable de cette sélection (Damien,  SDF offrant de l'argent à une passante pour qu'elle puisse acheter un ticket de métro) . 


Le reste de la sélection, avait sans doute un point commun : la lenteur. Quand la lenteur s'appuie sur un scénario pas trop mal fichu comme dans le film russe de Philipp Yuriev "The Whaler Boy" ou du grec "Digger" de Georgis Grigorakis et d'une mise en image soignée, on adhère quand même. Par contre, et c'est la constante des autres films de la sélection, pourtant pas bien longs,  laisser durer ( parfois très longtemps) les plans de scènes de respiration ( en gros un personnage se promène dans la rue, ou conduit sa voiture, ou regarde par la fenêtre, ou danse ...) jusqu'à se demander à quoi cela peut bien servir, semble être un tic ( d'école?) un peu éprouvant pour le spectateur. Quand en plus, c'est filmé caméra vidéo tremblotante ( peut être avec un portable) avec un scénario très mince et quelques dialogues aux allures improvisées ( pour faire vrai sans doute), l'ennui gagne, l'intérêt tombe. Mais, soyons indulgent, ce sont des premiers films...

Remarquez, le même problème de longueur peut apparaître dans les courts-métrages, ce qui peut être paradoxal mais qui confirme l'idée que c'est une tendance du moment ( véhiculée par l'enseignement des écoles de cinéma?).  C'est même le cas pour deux courts pourtant primés "Dustin" de Naïla Guiguet et "Palma" de Alexe Poukine, films bien pensés mais n'échappant pas à ces travers contemplatifs un peu factices. Perso, je suis un peu désolé que le très beau court belge de Marieke Elzerman "Kom hier" n'ai pas obtenu un petit prix car, s'il était lui aussi un peu lent et contemplatif, chaque plan de la comédienne taciturne apportait quelque chose au film et offrait ainsi de vrais moments d'émotion. 

Je fais la fine bouche, mais, même sur un écran à la maison, ce festival fut un vrai bonheur, une lueur dans une période sombre. Bravo et GRAND MERCI aux organisateurs et à l'année prochaine en salle ! (j'espère!). 

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