jeudi 4 février 2021

Palmer de Fisher Stevens


 En attendant de retrouver le plaisir du cinéma du cinéma en salle, les spectateurs se rabattent sur les productions des plateformes maintenant bien connues ( Netflix, Amazon prime, ...) ou sur les sorties de films prévus pour  les écrans mais passant, hélas, directement en VOD. "Palmer" est visible sur Apple TV et marque surtout le retour au cinéma de ... Justin Timberlake. 

Justin a 40 ans. Justin est grand massif, musculeux, bref incarne ici le mâle viril dans toute sa puissance .... celle véhiculée depuis la nuit des temps dans les récits romanesques. Justin est donc Palmer, une ex star locale de football ( américain). Le film le saisit lors de sa sortie de prison. Il a passé douze ans derrière les barreaux pour un crime dont on ne nous dit rien ( le doute, le mystère, c'est idéal pour titiller le spectateur). Comme Palmer/Justin a été un bon gars, il gagne une libération conditionnelle bien décidé à être irréprochable. Et voilà Justin/Palmer de retour au pays. Le bled se nomme Sylvain (!)  et se résume comme un condensé des Etats-Unis profonds : son bar, son église et ses pauvres. Il revient vivre chez sa grand-mère, bigote à l'esprit vif et clope au bec, louant par charité un mobil-home à une jeune femme instable pourvue d'un petit garçon. Justin/Palmer, derrière sa barbe, essaie de retrouver une vie libre, adoptant une attitude de grand gars taiseux et taciturne auquel on n'a guère envie de se frotter.... Enfin si, la voisine, très ouverte, se jette sur lui. Douze ans de privation de sexe permettent ainsi à Justin/Palmer de se donner à fond et, avis aux fans de la star, montrer ses fesses de mâle hot. 

Rassurez-vous, je ne spoile rien du film, ce qui vous venez de lire n'est que le résumé des cinq premières minutes ( 1h50), la suite se déploiera autour de l'amitié entre cet homme Palmer/Justin et un enfant ( celui de la voisine). Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous et vous aurez sans doute raison car, ce genre d'histoire reste une bonne recette depuis la nuit des temps. Pourtant, sans doute parce nous sommes au 21 ème siècle, le film jouera habilement avec les conventions, évitant pas mal de clichés ou quelques évidences scénaristiques notamment en mettant en scène un petit garçon aux antipodes des canons masculins et enfantins habituels. Il s'appelle Sam, a 7/8 ans et n'a rien du garçonnet mignon et frais qui squatte habituellement les écrans. Il est un peu rond, avec des lunettes bas de gamme pas du tout rigolotes. Il pourrait être le cousin  de la jeune Olive de "Little Miss Sunshine".  Et puis, Sam a aussi d'autres particularités : il joue à la poupée et adore se déguiser en petite fille. Le coeur du film se situe ici, ce face à face émotionnel et psychologique d'un enfant évidemment maltraité par les autres garçons de son école pas vraiment ouverts et cet homme, mâle à la virilité affichée. Il y sera question d'attachement bien sûr, de paternité, de virilité, le tout sans esbrouffe, avec un scénario qui va aller crescendo dans l'émotionnel mais sans jamais en rajouter. Il est aidé en cela par un Justin Timberlake tout en intériorité, franchement très convainquant et le jeune Ryder Allen absolument fabuleux,  exact contraire du mâle à qui il donne la réplique. On sent que le réalisateur joue pas mal avec l'image de sa star masculine et notamment avec une scène qui pourrait rester fameuse où le petit garçon, qui s'est fait traiter de pédale par les garçons de sa classe, demande l'explication du mot à Justin/Palmer, qui lui parle de différence.... et à qui le petit garçon répond par une question : "T'es une pédale toi? ". 

"Palmer" n'est pas le film de l'année, mais une bonne production, bien écrite, hyper bien jouée et au final finement efficace. Du mélo, oui, mais du mélo haut de gamme comme on aime en voir de temps en temps. 





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire