Il y a assurément une petite musique Guy Delisle ! Que ce soit dans l'évocation de ses voyages, souvent dans des contrées dont on peut être curieux de pénétrer ( Jésuralem, Pyongyang, la Birmanie) ou dans sa vie de père, toujours on retrouve son regard tendre et curieux qui fait le sel de ses romans graphiques. Ses"Chroniques de jeunesse" ne dérogent pas à la règle alors qu'à priori, le récit de son boulot durant trois étés dans une fabrique de papier n'avait rien de bien fun.
A l'entrée de l'âge adulte, Guy Delisle vit chez sa mère divorcée. Il fait des études d'art, rêve de travailler dans l'animation et consacre ses loisirs à dessiner seul dans sa chambre. Il est solitaire mais garde l'oeil vif. Tout est découverte pour lui. L'impressionnante usine, véritable personnage imposant de présence voire de dangers mais aussi les hommes qui y travaillent, vont devenir sous son trait fin un formidable fil rouge romanesque, pédagogique aussi (dans le bon sens du terme) et sociologique. On trouve également en arrière-plan des ressorts plus psychologiques, plus personnels notamment avec ce portrait en filigrane de son père divorcé et solitaire ( lui aussi) , travaillant dans cette même usine ( mais dans les bureaux). Sans s'appesantir, tout en finesse, l'ombre de ce père se joint, à celle immense de cette usine, pour distiller une douce mélancolie, entre rendez-vous ratés, image nostalgique et temps qui passe.
Teintées d'un recul humoristique bienveillant, ces chroniques, même si apparemment moins clinquantes que ses précédents albums, sont un régal de lecture et d'émotions diverses ( on peut même frissonner face à ces monstrueuses machines ).
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