mercredi 7 juillet 2021

Annette de Léos Carax


 5 questions que l'on peut se poser avant d'aller voir "Annette". 

"Annette" est-il le très grand film annoncé partout? 

Incontestablement OUI. C'est un maelström continu qui raconte autant de l'amour du cinéma que porte en lui Léos Carax que de sa formidable énergie créatrice qui irriguent ces 2h20 d'un spectacle ambitieux. La beauté des images, la puissance de la mise en scène font oublier un scénario assez quelconque , basique ( comme dans beaucoup de livrets d'opéra) : Ils sont stars, s'aiment, font un enfant puis vient la séparation flirtant avec la mort. Mais cette trame est transcendée par une poésie visuelle portée à son paroxysme et qu'accompagnent deux acteurs parfaits. 

Mais "Annette" est une comédie musicale et moi les comédies musicales...

Non, ce n'est pas une comédie musicale à proprement parler. Même si la plupart des dialogues sont chantés ( mais souvent assez courts et avec des chansons aux paroles très répétitives), cela ne ressemble en rien à du Jacques Demy sauf pour le soin apporté au visuel ici en version assez sombre. Ce n'est pas non plus niais comme "Lalaland" car la mort rôde partout et l'on ne trouve pas de passages dansés non plus ( ou à la marge des déplacements vaguement chorégraphiés). Le terme le plus adéquat pour décrire le film serait "opéra pop", la musique des Sparks ( et ses sonorités un peu datées) y invite assurément, sachant qu'il est aussi beaucoup question d'opéra classique dans cette histoire. 

"Annette" n'est-il pas un film intello, à message et/ou pour cinéphile ? 

Pas de souci de ce côté là, le film mélange évidemment Eros et Thanatos, mais sans que cela soit rende le film obscur. Sa thématique principale surfe sur le monde du spectacle et l'emprise qu'il créé sur les êtres ( artistes comme spectateurs) jusqu'à ses limites mais nous ne sommes quand même pas chez Guy Debord. Les cinéphiles sur 2h20 y trouveront forcément des références avec, entre autre, de multiples références à la mort idiote dans le Batman de Christopher Nolan ...Avouez que ce cela s'adresse quand même à un grand public. Pour les cinéphiles purs et durs, on trouvera le plein des figures habituelles du réalisateur ( la moto qui roule dans la nuit, le vert, ...) ou d'autres nichées au fil des scènes ( les pommes, l'angiome d'Adam Driver qui grandit, ...) pour gloser entre fans mais qui n'encombrent jamais le récit. 

Y'a-t-il d'autres choses à connaître avant de se décider à aller voir "Annette"

Calmons tout de suite la frénésie des adorateurs d'une certaine chanteuse belge, Angèle n'apparaît que furtivement dans une scène collective de femmes en colère et chante deux lignes de couplets... Pas de quoi entraîner une ruée de fans au cinéma ni de lui demander ( comme sur les marches de Cannes où elle faisait partie de l'équipe du film) comment c'était de tourner avec Léos Carax... ( qui apparaît lui-même dans le film, comme les Sparks d'ailleurs. Petit détail supplémentaire, si vous êtes de ceux qui se lèvent dès qu'apparaît le premier nom du générique de fin, patientez, le film se conclut un peu plus loin et d'une jolie manière ...

Mais pourquoi aller voir un film au scénario banal, à la musique pas hyper emballante et au message mainstream ? 

Tout simplement, malgré un livret banal ( c'est une sorte d'opéra rappelons-le), il y a un génie de réalisateur à la mise en scène, qui dès les premières minutes vous emporte dans un univers de cinéma comme cela arrive rarement, jouant de tous les codes, de tous les rêves, de tous les fantasmes. La caméra virevolte, ouvre des espaces inattendus, capte l'indicible comme le merveilleux, joue de tous les genres pour mieux nous surprendre, nous faire frémir, nous émerveiller. Cela peut paraître pompeux, pompier, c'est juste magique, imaginatif, sensible, accrocheur, jouissif. Du pur, du grand cinéma de divertissement ...pour peu que l'on se laisse aller à la magie et à la poésie d'un cinéaste vraiment inspiré. 





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