"Bergman Island" est l'archétype du film qui va engendrer des critiques formidables, du genre de celles qui encensent des détails d'un film pour mieux cacher la vacuité du propos et qui, si vous vous risquez à foncer dans une salle qui le projette, vous laissera le goût amer de la déception.
Mais pourquoi cet engouement pour un film à l'intérêt dramatique tellement diffus qu'un plan de moulin suédois devient presque passionnant ? Il faut chercher dans la biographie de la réalisatrice qui semble transposer un peu de sa vie personnelle avec un réalisateur ( le très surestimé mais adoré des critiques Olivier Assayas) dans le récit de ce couple de cinéastes allant chercher l'inspiration à Faro, l'île où Ingmar Bergman vécut et tourna nombre de ses films. En gros, les gens de cinéma parlent aux gens de cinéma...
Au départ, on peut penser que le fait que notre couple de héros dorme dans le lit qui servit au tournage de "Scènes de la vie conjugale", film" qui fit divorcer des millions de gens" , allait nous entraîner dans une sorte de resucée bergmanienne version 2021. Rassurez-vous pas du tout. Ces deux là, cherchent l'inspiration dans cet été suédois joliment filmé. Ils ne s'engueuleront pas, ils feront du vélo, iront à la plage, visiteront leur lieu de vacances, échangeront deux trois phrases ordinaires, ne s'écouteront pas beaucoup, s'ennuieront sans doute un peu ( mais moins que le spectateur qui commence à les trouver bien fades voire antipathiques). On cherche à deviner quelques non-dits qui donneraient un peu d'attrait à ce couple, mais c'est tellement diffus et banal que l'on s'intéresse soudain beaucoup plus au design des bicyclettes appuyées contre le mur de leur maison qu'à leur travail même si, elle, rame à trouver quelques idées. Et puis soudain, au bout d'une heure le film s'emballe ...heu... disons qu'il y a une autre histoire, celle du film qu'essaie d'écrire celle dont nous voyons l'histoire à l'écran. Chouette, apparaissent Mia Wasikowska et Anders Danielsen Lie... hélas dans une histoire tout aussi gnangnan et fade, laissant douter du talent de scénariste de la cinéaste ( celle du film...mais comme elle peut être la réalisatrice elle-même...). Seul avantage de la deuxième histoire, les deux jeunes et beaux acteurs sont parfois dénudés, ça met un peu de sel dans cette histoire d'amour contrariée totalement inintéressante. Bien sûr, plus tard, on apprendra que c'est aussi celle sans doute de l'héroïne scénariste ( woaw, c'est vachement original, on ne l'avait pas vu venir !). Et comble du talent au cinéma, nous aurons même droit à une mise en abyme dans la mise en abyme qui nous laisse totalement ...de marbre, tellement on n'en a vraiment plus rien à faire de ces atermoiements de pseudos intellos. On peut y voir un vague récit d'émancipation des deux héroïnes, mais cela a été mille fois mieux raconté ailleurs...
Que retenir de cette résidence estivale de deux cinéastes ? Que sans doute le film a été produit par l'office de tourisme de Faro, qui nous montre l'île sous toutes les coutures, avec, faut le reconnaître de très beaux plans, dont certains faisant référence à Bergman (inévitable) et avec une montée en puissance se finissant par le saint du saint, la bibliothèque du maître ! Le ministère du tourisme suédois a dû y mettre aussi quelques couronnes puisque nous avons droit à tout ce qui fait la belle image du pays : les saunas, Abba, ...ne manquent que les boulettes Ikéa mais aussi, surtout, un scénario moins nombriliste conçu au final pour n'intéresser que les amis ( vraisemblablement fort nombreux ) de la cinéaste.
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