L'éditeur Robert Laffont a fait enfiler à l'essai de Xavier Monnier une couverture aguicheuse, un peu comme les tenues des starlettes ou égéries de marques de cosmétiques défilant sur le tapis rouge cannois. En sous titrant "Sexe, drogue et cinéma", il habille le livre de façon trompeuse car si l'on parle bien de cinéma ( dans le sens très large du terme), il est au final peu question de drogue et de sexe ( quelques vagues évocations de ci, de là ). Les amateurs de croustillant en seront pour leur frais et il est bon de rappeler la maxime qui entoure le plus grand festival de cinéma au monde et que rares sont ceux qui en dérogent : "Ce qui se passe à Cannes reste à Cannes". Donc, les bruits de couloir, les anecdotes sur nos stars, les fêtes supposées orgiaques, ne font pas partie du programme.
Par contre, vous y trouverez un historique détaillé du festival depuis sa création avortée en 1939, avec tous les ressorts politico-diplomatiques ( la fameuse concurrence avec le festival de Venise), jusqu'aux luttes intérieures de pouvoir qui circulent au sein de l'AFFIF ( Association Française du Festival International du Film) grande organisatrice de ce rendez-vous professionnel incontournable dont Pierre Lescure ( président) et Thierry Frémaux ( Délégué Général) sont les figures de proue. Vous saurez tout sur le financement de l'événement, les arrivées des sponsors et leur importance en terme d'image mais surtout de rentrées de deniers.
Vous entrerez aussi de plain-pied dans le système sophistiqué de coterie qui sévit au sein de ce conglomérat de professionnels et que les membres ( journalistes et professionnels) manipulent avec une attention soutenue. En gros toutes les jolies embrassades, les beaux sourires face à nos deux grands ordonnateurs du cinéma mondial lors d'une montée des marches ou conférence de presse camouflent un état de servitude énorme. Vous saurez tout sur le rôle de certains distributeurs, producteurs ou argentiers tout comme, MeToo oblige, sur l'affaire Weinstein maintenant qu'il est mis au banc de la société.
L'enquête apparaît bien menée mais on sent bien que le journaliste a eu du mal à obtenir des interviews pour nourrir son livre tant les gens du métier craignent pour leur place au sein de ce système bien huilé et dont être écarté serait ressenti comme une réelle descente aux enfers. Malgré tout, cet essai passionnera ceux qui aiment voir la réalité des choses sous un autre angle, éclairé par son passé ici longuement raconté autant que par son présent dont seulement un pan de voile est soulevé.
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