samedi 3 avril 2021

Madame Claude de Sylvie Verheyde


 Contrairement à l'affiche ci-dessus, "Madame Claude" n'est pas à proprement parlé un film Netflix mais une production destinée à une sortie en salle, victime du Covid et vendue à la chaîne de streaming histoire de mettre du beurre dans les épinards de producteurs désormais aux abois. 

Si le film est sans conteste bien plus original dans sa forme que les productions habituelles de la multinationale, "Madame Claude" n'est pas pour autant un film réussi, les producteurs, pas fous, se séparant d'abord des longs-métrages aux carrières incertaines. 

L'ambition du film est visible : faire le biopic d'une personnalité célèbre et controversée des années 60/70, faire oublier le kitsch d'une précédente version ( celle de Just Jaeckin le réalisateur du non moins célèbre "Emmanuelle") et accessoirement y mettre également une pointe de notre époque en évoquant le patriarcat  qui s'impose sur le corps des femmes. 

Autant dire que tout cela fait beaucoup pour un seul film. L'histoire de Fernande Grudet, le vrai nom de Madame Claude, intimement liée dans la première partie de sa vie autant avec le Paris politique que du showbiz, n'est finalement que survolée. Une voix off, quelques répliques vite envoyées et quelques scénettes rapides essayent de brosser l'époque, le coaching des jeunes femmes et la vie intérieure de la proxénète de luxe. Un peu de sexe, un peu de psychologie, un peu de RG, un peu de pègre, la récit a du mal en prendre. Nous sommes souvent en gros plan sur les visages pour pallier à un manque évident de moyens dans la reconstitution d'époque. On ressent plus que l'on ne comprend les enjeux de tout ce petit monde. Les acteurs font ce qu'ils peuvent avec ce qu'on leur donne.  Benjamin Biolay ( en commissaire de police), Philippe Rebbot ( en grand bourgeois) semblent des erreurs de casting, Garance Marillier ( en préférée de madame Claude) agace plus qu'elle ne convainc avec un rôle sensé donner un cachet contemporain mais aussi plus empathique à l'ensemble. Seule Karole Rocher surnage là-dedans, butée, froide, rongée par des démons dont par ailleurs on se contrefiche un peu. 

La réalisatrice déclare un peu partout que madame Claude a tout du personnage scorcésien... Sans doute... On sent que la mise en scène s'essaye à l'énergie du maître hollywoodien mais comme le scénario ( et le manque de dollars) ne brille pas beaucoup, ce n'est pas encore cette fois-ci que l'on aura droit à un bon film autour de cette figure sulfureuse et vraisemblablement fascinante. 



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