Les organisateurs nous le répètent sur tous les tons : " Ils sont ravis de nous retrouver, en salle, nombreux" ( un peu moins qu'avant toutefois, surtout les scolaires) mais masqués ... Et le masque, pour la convivialité, ce n'est pas tout à fait ça. Heureusement, et là le COVID n'a pas réussi son coup, la production cinématographique ne s'est pas arrêtée, même pour des premiers films. Et avouons-le, sur les écrans, pour le moment, ce que l'on a vu est franchement intéressant, la jeune création se porte plutôt bien en ces périodes tourmentées et son désir de cinéma a réussi à vaincre les nombreuses barrières qu'elle peut trouver sur son chemin, même si c'est parfois avec du culot et trois bouts de ficelle.
Côté compétition longs-métrages, le festival a assuré sa soirée d'ouverture avec le film dano-franco-suédois en lice pour les oscars ( et déjà primé à Annecy en 2020) "Flee" de Jonas Poher Rasmussen qui a d'emblée mis la salle d'accord. Ce documentaire d'animation sur le parcours d'un jeune afghan sensible de Kaboul jusqu'au Danemark a autant passionné qu'ému et sans trop jouer sur la corde sensible mais en poussant les spectateurs à s'interroger sur la notion de " chez nous" ... Un film qui fait du bien en ces périodes d'orateurs xénophobes.
Passant juste après , "Libertad" de l'espagnole Clara Roquet, malgré une qualité de regard indéniable, a quand même souffert de son thème très hispanique et déjà vu des rapports entre bourgeois et employés doublé d'un portrait initiatique d'une adolescente pas franchement original.
Même si le réalisateur de " Le monde après nous" , Louda Ben Salah-Cazanas, affirme n'avoir jamais vu le film d'Eric Rochant "Un monde sans pitié", force est de constater que son premier long-métrage y fait fortement penser et se pose peut être pour être le film générationnel des années 20 ( Deliveroo et start-up école friendly pour l'époque, Louise Chevillotte à la place de Mireille Perrier et Aurélien Gabrielli formidable jeune trentenaire fauché).
Proposer le film Allemano-géorgien de 2h30 à la séance de 21h45, était un pari osé car, ce film poétique et très particulier pouvait être reçu avec... quelques yeux qui papillotent. Pourtant, " Sous le ciel de Koutaïssi" de Alexandre Koberidze nous a fait découvrir un vrai cinéaste, avec un vrai univers, une façon très personnelle d'appréhender une histoire mêlant le conte, le football, l'amour et une ville. On peut se laisser porter par ce cinéma surprenant et personnel et quand ça fonctionne, c'est formidable. Un jeune réalisateur dont on devrait entendre reparler.
On ne dira jamais assez la vitalité actuelle du cinéma scandinave et "Ninjababy" de Yngvild Sve Flikke en est le parfait ( deuxième) exemple de cette sélection, avec le portrait d'une jeune suédoise moderne, délurée qui nous emporte dans un tourbillon à la fois cru et ludique ( le film même réel et un personnage animé) sur la maternité aujourd'hui. Pour le moment le premier film drôle ' et réussi) de cette sélection. ( Pas certain qu'il y en ai beaucoup !).
Côté court-métrages, la sélection se présente éclectique et de très belle tenue. Beaucoup de jolies choses dont on peut extraire le formidablement drôle, inventif et très cinématographique " Les liaisons foireuses" de Chloé Alliez et Violette Delvoye ( qui devrait passer sur Arte prochainement ) , sur une teuf de jeunes et où les personnages sont composés d'éléments électriques. Un autre court a fait forte impression sur le public ( avec raison), c'est la fiction du Suisse Loïc Hobi "The life Underground". Issu de l'école de Luc Besson, son film fait évidemment penser à Subway" tout comme au "Dernier Combat", mais il y a une telle maîtrise visuelle, scénaristique et musicale ( musique originale jouée par un orchestre symphonique) que l'on est bluffé.
Le festival, c'est mille autres choses passionnantes pour tous les cinéphiles ( ou pas) et gageons que les jours qui viennent viendront confirmer cet excellent départ !
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