lundi 17 janvier 2022

Elise sur les chemins de Bérengère Cournut



Après le succès de "De pierre et d'os", revoici Bérengère Cournut avec un nouveau récit osant la poésie jusqu'au bout puisque se présentant intégralement en vers ( libres). Ce long poème, découpé en chapitres, prend les allures d'un vrai conte avec les fils aînés d'une famille qui partent courir les chemins pour découvrir le monde et la vie. Une soeur, affolée par les paroles d'une vouivre lui signalant un des frères en danger part à son tour pour les retrouver. Nous sommes semble-t-il un peu hors du temps ( même si une trayeuse électrique est vaguement évoquée au détours d'un vers), dans une belle nature sauvage et enchanteresse sans doute dans une région de moyenne montagne. 
Le départ séduit. Pourquoi pas un conte ? On aime bien les contes... Les vers libres offrent une légèreté et joliesse agréable. Mais dans la deuxième partie, tout devient plus contemporain et vire au conte poétique moderne. Adieu combes, plantes et animaux fantastiques et bonjour la ville, les boîtes de nuit et les industries. Les vers ont du mal à s'acommoder à ce nouveau décor, essayant maladroitement de garder de la poésie et de la joliesse. Cette bifurcation du chemin plus que hasardeuse noie le récit dans une sorte de mélasse peu goûteuse. Le chemin est nettement moins intéressant et fait soudain apparaître l'intérêt finalement très anecdotique de l'ensemble. 
"Elise sur les chemins" peut se classer dans cette catégorie de romans qui font du bien, si prisés actuellement. Certes, par rapport à des consoeurs ou confrères connu(e)s pour leurs mièvreries mercantiles,  il y a derrière une ambition réelle de tirer l'ensemble vers le haut ( les vers, les clins d'oeil à Marcel Aymé ou Henri Vincenot, ...)  mais coche tout de même pas mal des codes du genre  : facile à lire, pas trop long, un peu de mièvrerie, un peu de social, un peu d'écologie, un peu de handicap, un peu de metoo et pas mal de cette inévitable bienveillance... Ce saupoudrage très tendance reste totalement vain et finit par devenir cliché, même écrit sous forme de poésie. 

 

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