Assez nonchalamment, le roman avance de façon agréable, car jouissant d'une jolie écriture. On prend plaisir à ce séjour ardéchois qui se moque un peu de faire du grand romanesque avec de grands sentiments ( avec, quand même, un dernier tiers qui va s'y employer avec émotion), préférant se payer avec une certaine noirceur les nombreux travers de nos sociétés. Ainsi, sur le petit monde du livre, Tom Charbit fait dire à son narrateur : " Je vais arrêter de demander conseil à la libraire du village d'à côté, à chaque fois elle s'emballe pour un bouquin en me disant que c'est génial, alors qu'en fait c'est juste ce qui est sorti de mieux au cours des deux derniers mois.... Tu vois, au fond, je suis sûr qu'elle est convaincue d'être une passionnée de littérature alors qu'elle n'est qu'un petit soldat au service d'une énorme industrie. Quand j'étais DJ, moi aussi je passais mon temps à m'extasier sur des nouveautés qui si on les écoutait avec un poil de recul n'avaient en réalité strictement aucun intérêt." Alors, à l'aune de cette semonce bien pensée de l'auteur, disons donc que "Les Sirènes d'Es Vedra" se lit facilement, agréablement, n'enthousiasmera pas les grands amateurs de belles histoires bien cousues ( très souvent de fils blancs) mais plaira à ceux qui aime toutefois être accompagnés par un joli style et de nombreux coups de griffes bien sentis ( peut être dérangeants). C'est déjà pas mal du tout, pas encore un grand roman, mais certainement mieux que "Anéantir" dont on nous rebat les oreilles ( grand auteur avec gros contrat oblige).
Merci à BABELIO pour cette lecture en avant-première.
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