Léopard d'or à Locarno en 2019, "Vitalina Varela" arrive sur nos écrans, plus tellement auréolé de ce titre de gloire. Certes une distinction dans ce festival à haute cinéphilie n'est plus trop vendeur de nos jours où l'on préfère se ruer sur une énième aventure de Spiderman. Et ce n'est ni le thème de ce film ( le retour dans un bidonville lisboète d'une vieille capverdienne pour enterrer son époux qu'elle n'a pas vu depuis des décennies) , ni le parti pris esthétique ( filmer de sombres gourbis de nuit ) et encore moins le scénario assez elliptique quant aux enjeux de ce retour (les personnages étant des taiseux ou quand ils parlent des nébuleux) qui devraient faire courir les foules.
Cependant, on n'obtient pas la grande récompense d'un festival réputé pour rien. Ici, le grand intérêt réside dans une photographie absolument magnifique qui rappelle de grands peintres genre Le Caravage ( mais aussi par moment Le Gréco, Géricault ), Georges de La Tour, où la moindre lumière, flamme, perce les ténèbres pour éclairer des peaux sombres mais luisantes et soulignant par ailleurs l'absolue misère dans laquelle évoluent les quelques protagonistes présents ( petit éclairage sur une communauté d'immigrés). L'oeil est totalement happé par ces images splendides, chaque nouveau plan arrivant à être aussi beau que le précédent...
Malgré tout le talent de mise en images de Pedro Costa, malgré cette formidable mise en beauté de la nuit et de l'obscurité, on sent passer les 2h04 du film. Un fois le premier émerveillement consumé et même en acceptant de suivre le destin de cette femme, la lenteur de l'histoire finit par plomber pas mal l'ambiance et peut amener à lutter contre le sommeil.
On l'aura compris, "Vitalina Varela" est un film qui peut éblouir, envoûter sûrement mais qui exige toutefois une attention supérieure. Mais si l'on est motivé par la belle image...
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