lundi 24 octobre 2022

13 ème festival international du film de La Roche sur Yon


Dans un festival, un spectateur court de film en film mais se trouve dans l'obligation de piocher dans l'importante programmation que des organisateurs passionnés ont concocté. Il peut s'amuser à essayer de voir les films en compétition ( A La Roche-sur-Yon au nombre de deux compétitions, Internationale et Nouvelle Vague, soit 20 films) ou alors, au gré de ses envies, ici un classique, là une avant-première. Cette année, au très sympathique et éclectique 13ème festival international du film de LRSY( La Roche-sur-Yon), je suis allé au gré de mes envies. A ce petit jeu comme la sélection va du film grand public ( "Tempête", épouvantable mélo qui a fait l'ouverture) à des propositions beaucoup plus pointues voire hermétiques ( l'austro/argentin "A Little Love Package" de Gaston Solnicki où comment avec une héroïne sinistre visitant des appartements à Vienne et avec des plans de parquets qui grincent, de gens qui fument ou s'ennuient dans des cafés ont fait partir avant la fin les 2/3 des spectateurs présents), la chance de tomber sur des oeuvres qui nous enchantent reste aléatoire. 
Si certains films, c'est aussi ce que l'on aime dans un festival, défient le temps voire la patience du spectateur avec une radicalité pas toujours facile à comprendre ou à apprécier ( "Où est cette rue ? Ou sans avant ni après" du duo Joao Rodriguez:Rui Guerra de Mata poème visuel dans un Lisbonne des faubourgs vide où s'était tourné en 1963 "Les vertes années" de Paulo Rocha ou le très, trop, vraiment trop délicat  " Blood" de Bradley Rust Gray ( et qui, à cause de son titre, a ennuyé un trio de jeunes pensant que c'était un film d'horreur alors qu'à l'écran, avaler un bol de riz équivalait à une course poursuite automobile dans un film lambda). d'autres films provoquent un sacré enthousiasme. Je pense notamment au magnifique deuxième film de l'Islandais Gudmundur Arnar Gudmundsson "Beautiful beings" ( en course pour les oscars du meilleur film étranger, une sacrée concurrence pour le, un poil décevant, "Saint Omer" d'Alice Diop choisi pour représenter la France) ou du très maîtrisé "One for the Road" du thaïlandais Baz Poonpiriya dont on sent toutefois une inspiration à la Wong Kar-Waï ( d'ailleurs à la production). Plus classique mais qui a fait forte impression dans la salle, le premier film de la scénariste de "Carol"  de Todd Haynes ( dont on sent l'inspiration) Phyllis Nagy intitulé "Call Jane" et qui, sujet brûlant au USA, narre l'histoire ( inspirée d'une réalité ) d'un groupe de femmes pratiquant des avortements clandestins dans les années 68/73. On peut également citer "Cheese" de Damian Marcano, pimpante, drôle  et tonique histoire de trafic venu de Trinité et Tobago ( coproduit avec les USA).
Hormis ces coups de coeur,  beaucoup de films intéressants étaient proposés à notre curiosité , souvent trop longs, auxquels on aurait pu enlever au moins 20 mn :  "Blood" (déjà cité) mais aussi le silencieux et original "La Montagne" de Thomas Salvador ou le très tintinesque "Le parfum vert" de Nicolas Pariser qui pâtit d'une deuxième partie sans rythme. 
 Un festival, c'est aussi un excellent endroit pour (re)découvrir des classiques sur grand écran et cet ainsi qu'à été concocté un rapide mais très intéressant hommage à Jean Luc Godard nous permettant de (re)voir son premier film "A bout de souffle" et son dernier ( inédit en salle) " Le livre d'image".  Cela a permis de confirmer que sur la forme JLG était et est resté un précurseur ( quitte à désorienter voire ennuyer ), que dès son premier film on le découvrait sentencieux ( ce qu'il a conservé jusqu'au bout) mais également extrêmement macho ( avec notre regard d'aujourd'hui, Jean Seberg est certes d'une beauté fracassante à l'écran mais, la pauvre, est considérée autant comme un objet qu'une bonniche). 
Le festival international du film de La Roche-sur-Yon, c'est ça mais aussi beaucoup beaucoup d'autres choses ( des rencontres avec réalisateurs et comédiens, des expos, des concerts et du cinéma du monde entier), un festival varié, très sympathique et animé par une équipe jeune, dynamique et passionnée. On peut dire qu'à eux seuls ils ont réussi à ramener le public dans les salles de la ville ( 28000 spectateurs sur la semaine, comme avant COVID). C'est rassurant et bon signe ! Pourvu que ça dure ! 
PS : Le palmarès a été annoncé.  L'islandais "Beautiful Beings" a très justement remporté le Grand Prix. Ce même jury a attribué un prix spécial au film Australo/Anglo/Serbe "You won't be alone" de Goran Stolevski méditation féministe, fantastique et paraît-il philosophique qui a quand même révulsé pas mal de spectateurs ( et qui m'a peu passionné). Les prix "Nouvelle Vague" sont allés à un court-métrage Français d'Isabelle Prim " Je serai quand même bientôt tout à fait mort enfin" et au long "Rojek" film canadien de Zaynê Akyol ( pas vus). Le prix du public a été attribué au film américano/argentin "Argentina 1965" de Santiago Mitre ( pas vu ) visible depuis 3 jours Amazon Prime, signe que contrairement à Cannes le festival de LRSY accepte, comme Venise, de projeter des films venant de plateformes. 



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