Il est des romans qui passent étrangement inaperçus alors qu'ils méritent bien plus d'attention que la plupart des ouvrages squattant les pages "Livres" des journaux. Beaucoup d'ouvrages sortis avant ou juste au moment de la guerre en Ukraine sont passés à la trappe. On peut citer le passionnant "Le silence d'Ingrid Bergman" de Denis Lachaud paru chez Actes Sud début mars mais aussi "Lîle de la Sentinelle" de Benjamin Hoffmann sorti lui juste avant et qui vient d'être un peu remis en lumière lors du salon Faites Lire du Mans en obtenant ce week-end le prix des lecteurs de la ville.
Bien sûr, en cette période de rentrée littéraire, il n'est pas certain que vous trouverez ce fascinant récit sur les rayons des libraires ( plus dans les bibliothèques) , mais n'hésitez pas à le réclamer car, il serait idiot de se priver d'une enthousiasmante lecture inspirée par tous ces récits fleurant bon le voyage et l'aventure que des générations de jeunes lecteurs ont pu avaler, de Tintin au "Lord Jim" de Joseph Conrad.
Vous découvrirez une île, celle de la Sentinelle, existant réellement dans le golfe du Bengale, où, à l'heure actuelle, les rares étrangers qui ont insisté à y poser leurs pieds ont été trucidés par un peuple encore mystérieux bien qu'occupant ces lieux depuis plus de 50 000 ans.
Même si le roman nous offre des informations sur cette contrée aussi précises que passionnantes, nous ne sommes pas chez Claude Lévi-Strauss mais bien dans un vrai récit d'aventures où deux amis vont essayer de réaliser le rêve d'explorer cette île. Benjamin Hoffmann, auteur bien français, va nous embarquer dans ce périple dangereux mais le double d'un grand récit psychologique au coeur de l'université de Yale, digne des meilleurs auteurs américains, où la profondeur de l'analyse d'une amitié un soupçon ambiguë, symbolisant les extrêmes de ce pays ( un riche, un immigré pauvre, parfait miroir avec civilisation vierge et civilisation au bout du rouleau) ne va jamais nuire au rythme soutenu du roman.
On referme "L'île de la Sentinelle" avec l'impression d'avoir participé à une sacrée aventure, mais aussi découvert un auteur français qui sort brillamment des sentiers rebattus de la bourgeoise du 6ème qui couche à la mère du petit ami de sa fille et qui se pose des questions existentielles. Doté d'un style impeccable et avec le projet d'embarquer le lecteur tour en le faisant réfléchir sur son humanité, Benjamin Hoffmann, grâce à sa créativité, son grand talent de conteur et cette chose si rare en ce moment de parier sur l'intelligence du lecteur, nous réconcilie comme jamais avec le roman français ! Et signe que ce roman possède quelque chose de plus que 90 % de ses voisins de rayonnage, il est en cours de traduction pour les USA ! Vivement le prochain !
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