Je n'avais aucune envie de lire le dernier texte de Brigitte Giraud. C'est idiot car habituellement j'aime beaucoup ce qu'elle écrit mais là... est-ce un trop plein de promo dans les médias que j'écoute ou je lis ? Le sujet encore une fois nombriliste ? Tirant sur le pathos ? Un récit très, trop personnel qui encore va ressembler à une psychanalyse sur papier? Je décidais de passer mon tour... Mais, sont-ce les conseils d'amis, l'apparition du titre sur quelques listes de prix, le remord ? J'ai plongé ... et je n'ai pas regretté. Il faut toujours faire confiance aux bonnes autrices !
Plus de 20 ans après la mort accidentelle de son époux, Brigitte Giraud, questionne le passé en relatant les jours, les heures, les minutes, les secondes qui ont précédé sa disparition. Pendant ces deux décennies, beaucoup de pensées ont tourné dans sa tête et c'est avec le fruit de ses recherches, de ses suppositions, de ses interrogations, toutes portées par le manque, le deuil, qu'elle relate ce passé plus que douloureux.
Bonjour tristesse vous dites-vous.... Pas du tout ! Enfin, pas vraiment, car en plus de redonner une présence au disparu, c'est toute une époque qu'elle fait revivre, l'année 1999 pour être précis, une époque où internet et le portable balbutiaient et où, pour elle, "Le bonheur, c'était le peu, c'était le rare.". Elle revient sur les actions de leur vie de l'époque, grandes ( et si je n'avais pas insisté à acheté la maison de Mme Mercier ?), petites ( et s'il avait écouté Don't Panic de Coldplay ?), simples ( et s'il avait plu?) voire farfelues ( et s'il n'avait pas oublié les 300 francs dans le distributeur de billets? ). Chaque supposition ( au nombre de 23) qui aurait pu peut être changer le cours des choses, donne droit à un chapitre, les premiers personnels mais infiniment sociologiques ( un vrai regard sur la naissance des bobos) pour arriver dans un lent crescendo aux derniers, évidemment bien plus émouvants.
Ce qui est remarquable dans ce récit, c'est son infinie justesse, sans fard aucun, sans afféterie mais surtout la subtile distance qu'instaure Brigitte Giraud avec son deuil et avec son lecteur, tout près de l'émotion, avec la pudeur de ceux qui savent que le partage entre humains est essentiel mais que personne ne peut s'approprier sa douleur.
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