Je referme le dernier roman de Tatiana de Rosnay et je me mets à rêver....
Quelques mois plus tôt dans les locaux des éditions Robert Laffont :
DIRECTEUR LITTERAIRE: Ca y est patron, le prochain Tatiana sera
uniquement aux couleurs Robert Laffont ! Nous attendons son manuscrit sous peu...
PATRON : Là, il nous faut un gros coup, il faut qu'elle explose les tirages ! Je lui fais confiance, je sens qu'elle va donner le meilleur d'elle-même. Virginie Grimaldi et Mélissa Da Costa vont pouvoir aller prendre quelques cours d'écriture si elles veulent rivaliser !
Quelques semaines plus tard :
PATRON : Dis-moi Aymeric, c'est quoi ce titre du prochain Tatiana !?! Tu n'as pas pu lui faire changer ?
DIRECTEUR LITTERAIRE ( embêté) : Pour le moment non, elle tient absolument à le garder car elle souhaite, avec le changement d'éditeur, évoluer vers un genre un peu plus littéraire ...
PATRON : Elle rêve ou quoi !!! Elle croit qu'avec " L'infinie abstraction du passé " les lecteurs vont la suivre ? Je veux du feel good, une héroïne dans laquelle les lectrices vont s'identifier dès la première ligne, des problèmes mais qui se résolvent, enfin, tu sais non... Tu l'as lu son truc ? Ca parle de quoi ?
DIRECTEUR LITTERAIRE ( encore plus embêté): C'est l'histoire d'une célibataire cinquantenaire, tellement passionnée d'Emile Zola qu'elle habite dans l'ancien appartement de la maîtresse de l'écrivain. Persuadée que l'histoire des murs qui l'entourent ont une influence sur sa vie, elle mène une double vie avec deux foyers, l'un avec un homme et l'autre avec une femme ...
PATRON ( s'étranglant) : Mais elle est tombée sur la tête ! Un couple lesbien ... On peut être moderne mais tu crois que la lectrice de Lamotte Beuvron va s'identifier à une vieille gouine ?!!! Et puis, Zola, quelle idée de le déterrer ! J'espère qu'elle ne nous inflige pas une bio complète du vieil Emile...
DIRECTEUR LITTERAIRE ( dans un murmure) : Si ...quand même...
PATRON ( évidemment énervé) : Mais elles s'en foutent les lectrices de Zola ! Elle veulent du quotidien magnifié les lectrices, de la romance moderne avec des problèmes qui trouvent de jolies solutions ! Tu crois que Virginie de Mayenne, avec son travail en usine et des mômes qui foutent rien au collège, elle va s'intéresser à une goudou avec deux foyers et qui en plus bave devant un écrivain que plus personne ne lit ?! Tu invites Tatiana à bouffer, tu lui expliques gentiment qu'on ne fait pas de best-seller avec de l'intelligence mais avec de bonnes histoires et des bons sentiments ! Elle le sait pourtant! Si elle veut un Goncourt, ce n'est pas chez nous qu'il fallait qu'elle aille !
Encore quelques semaines plus tard :
DIRECTEUR LITTERAIRE (inquiet) : T'en penses quoi du nouveau synopsis Paul-Bernard ?
PATRON : Ouais, c'est mieux ! Elle a liquidé la brouteuse de minou, pour une unijambiste chaude comme la braise, c'est bien, elle a compris qu'un peu de sexe ça fait rêver la lectrice qui s'ennuie auprès de son Hervé qui n'a d'yeux que pour sa 8.6. et le PSG. Pas mal l'idée de l'autre héroïne un peu en chair qui ne s'aime pas mais que les mecs kiffent, totale identification garantie ! Très bien aussi l'histoire du secret de famille, ça fonctionne à tous les coups ! Par contre, les pages sur Zola, j'en veux pas ! On s'en tape du Mimile!
DIRECTEUR LITTERAIRE: Heu, Paul-Bernard, juste une remarque... C'est une bonne idée Zola, ça va donner une image un peu plus profonde au livre, une caution intello... un plus par rapport à Valognes ou Colombani.
PATRON : Oui, tu as sans doute raison, il faut balayer large mais, on va rester sur le Zola écrivain et bigame et virer tout le Zola politique.
A l'arrivée des premières épreuves :
PATRON : Beau boulot Aymeric ! Le bouquin est parfait pour plaire à toutes les lectrices. Les chapitres sont courts. Je vois que tu lui as fait raboter un peu les phrases sans toutefois arriver à sujet/verbe/complément comme chez la concurrence, y'a du sexe, des problèmes de famille, des secrets, du conflit, un peu de suspens, une fin heureuse... je crois que ça va cartonner ....
DIRECTEUR LITTERAIRE (soulagé) : Et un peu Zola aussi ...
PATRON : Et enfin un titre qui se tient ! "Nous irons mieux demain", c'est top feel good... C'est toi qui l'as trouvé ?
DIRECTEUR LITTERAIRE : non, Jean-John, notre directeur commercial !
Quel bonheur ce billet!!! (et c'est Lamotte-Beuvron, j'ai vérifié ^_^)
RépondreSupprimerSigné : une lectrice fidèle qui a survécu à Melissa Da Costa qu'une amie lui avait recommandé, pfff, que ne fait-on pas par amitié!
Je ris jaune… ce roman était disponible sur le mur des nouveautés de la médiathèque, cela fait très longtemps que je n’ai pas essayé l’autrice, je sais parfaitement que je ne l’apprécie pas beaucoup mais bon, l’occasion, pourquoi pas! Et patatras je lis cette chronique, suspens: vais-je me lancer?
RépondreSupprimerEn revanche je vais terminer Stöld de Ann Helen Laestadius, une découverte de ma libraire et des bibliothécaires, que je vous recommande.
Brigitte, une poitevine
Un titre et une autrice que je ne connais pas... je vais donc aller voir de quoi il retourne. Merci pour le conseil !
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