samedi 1 octobre 2022

Vers la violence de Blandine Rinkel


 En 2017, lors de la sortie de son premier roman "L'abandon des prétentions", je prédisais un bel avenir à Blandine Rinkel. Si son suivant m'avait pas mal déçu, ce nouvel opus, médiatiquement parlant semble la hisser un peu plus haut ( Grande librairie, Une du Monde des livres notamment), voire comme une autrice qui compte désormais dans le paysage littéraire français. C'est sans doute mérité mais, cette fois-ci encore ce roman m'a laissé sur ma faim. 

Après avoir dressé lors de son premier ouvrage un magnifique portrait de mère ( la sienne sans doute), voici un portrait de père ( du père ? pas certain, cela paraît vraiment romancé). Et pour rester dans une thématique très contemporaine, un père, certes ni violeur, ni physiquement maltraitant, mais potentiellement psychologiquement étrange ou perturbant. Le roman se divise en deux parties distinctes, l'enfance et l'adolescence puis l'héroïne devenue adulte. Le but étant de montrer les répercutions de cette enfance face à un père (que je qualifierai d'instable) sur la trentenaire qu'elle est aujourd'hui. 
Avec une très belle écriture, fouillant sans fioriture un passé marquant, l'autrice nous narre une enfance banale mais avec de soudains surgissements fantasques et spectaculaires d'un père qui semble se débattre avec un passé qu'il n'arrive pas à rendre dicible. Cela donne un texte qui essaie de rendre cette démesure  aussi inattendue que perturbante, surgissant quand on ne s'y attend pas vraiment. Ces passages des déchaînements paternels éclaboussent de violence rentrée le lecteur. Cependant les accalmies sont nombreuses et malgré la belle plume de Blandine Rinkel, on traverse des moments au bord de l'ennui distingué. 
La deuxième partie, verse plus dans l'analyse psychologique des conséquences de cette enfance, mais ne parvient pas à rendre l'ensemble cohérent car, on ne perçoit pas exactement en quoi elle a pu jouer. Il apparaît certes une situation hautement romanesque, une décision que l'héroïne doit prendre pour un père un peu perdu de vue, pourvoyeuse d'une très belle lettre, mais dont le climax évident jure avec le reste de ce final assez banal. 

Pas convaincu par ce roman un peu tiré par les cheveux, Blandine Rinkel conserve toutefois une très belle écriture, avec de magnifiques moments mais ne parvient pas à traité le sujet évoqué par le titre. Peut être en attendais-je trop et que la violence suggérée m'a échappé ou m'est tout simplement apparu un peu convenue. 

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