On nous promettait une cérémonie exceptionnelle, celle du renouveau. On nous vantait une soirée des César d'anthologie, écrite par Blanche Gardin et Laurent Lafitte. On allait voir ce que l'on allait voir, surtout après " l'épouvantable soirée de l'an passé". ( Ceci dit, l'an dernier, il y avait de l'orage dans l'air et la fougue de Florence Foresti, donc ce fut une soirée plus intéressante qu'à l'accoutumée). Ben, on a vu et ce fut quand même pathétique.
Marina Foïs a fait ce qu'elle a pu ( avec ce qu'on lui avait écrit) avec énergie. Elle a eu droit à quelques tirades bien senties ( surtout au début) mais sur la longueur, l'humour pipi/caca/prout peut franchement lasser, surtout sur presque 4 heures de spectacle. On retiendra de ces intermèdes ou petits sketches entre acteurs distribuant la breloque, l'habituelle ambiance surjouée ( mal jouée? ) et pour le meilleur, juste une Jeanne Balibar impériale et la nudité revendicatrice de Corine Masiero ( et ce jeu de mot inscrit dans son dos "Rend nous l'art, Jean"). On préférera oublier la bande du Splendid, totalement ringarde de vanité et de platitude, l'ahurissant dialogue dont a hérité Nathalie Baye ou la blague de Vincent Dedienne ( que j'aime beaucoup au demeurant) sur Hitler. On pourra toutefois trouver qu'un effort avait été fait quant à l'habillage de l'ensemble ( un orchestre jouant des musiques de film, des clips d'hommage ou de présentation plutôt réussis). Cependant, on n'a pas réussi à gommer, ce long enchaînement de remises de prix ( difficile à éviter j'en conviens) ni cette suffisance du monde du cinéma, habillé de grands couturiers, bijouté par des joaillers prestigieux qui s'embrassait, s'étreignait comme du bon pain, au mépris de tout geste barrière et qui a aucun moment ne sentait le possible ridicule de la situation même s'il réclamaient pour moins chanceux qu'eux et certes s'engageait contre la cynique politique actuelle et n'a eu aucune parole désobligeante envers Canal + et son patron Bolloré , grand argentier du cinéma mais aussi par ailleurs pourvoyeur de populisme et d'idées rances hautement critiquables.
Quant aux récompenses, elles furent à l'image de la soirée : surjouées et décevantes. L'année cinématographique fut bien sûr sérieusement rognée par ce fichu Covid mais "Adieu les cons" , malgré le peu de concurrence, ne méritait pas tous ces honneurs, le film n'étant pas, et de loin, le meilleur du réalisateur, juste une petite comédie agréable mais un peu bancale. Le film d'Emmanuel Mouret ( gentillet mais pas un chef d'oeuvre non plus) a au moins permis à Emilie Dequenne de remporter un César, mérité, car c'est elle a hérité du rôle le mieux écrit et le plus intéressant. Comme d'habitude, François Ozon est reparti bredouille ( mais là aussi, il n'était pas à son meilleur). Rien à dire pour les récompenses vraiment justifiées pour " Adolescentes" et "Antoinette dans les Cévennes". Quant à la relève, les choix se sont portées sur des jeunes pousses qui ont fait parler d'eux ( même si l'un d'eux a 40 ans, ce qui permet de donner beaucoup d'espoir). A noter, le César du premier film est allé au classique mais joli "Deux", ( défendu ici) qui a surgi étonnamment dans cette sélection ( et dans celle pour les Oscars) alors que sa sortie est passée quasiment inaperçue. Les nouveaux Césars ouvriraient-ils donc les yeux et verraient -ils ainsi autre chose que ce qui pétille dans la presse intello ou qui brille parce rapporte beaucoup d'argent? C'est plutôt une bonne nouvelle. Cependant, pour renouveler leur cérémonie, on repassera...
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