On pourrait penser que "Grand platinum" aborde un thème original : la carpe ! ...sauf pour les lecteurs de Didier Decoin qui dans "Le bureau des jardins et des étangs" en 2017 qui narrait la livraison du même poisson par une jeune femme dans le Japon du 12ème siècle. Ok, la carpe était un prétexte à un voyage poétique mais on abordait quand même la fascination qu'exerce cet animal au pays du soleil levant et les transactions que cela génère auprès des collectionneurs.
Ici, nous sommes à Paris, l'année où Notre-Dame a brûlé. L'héroïne hérite de carpes Koï ( de collection donc) que son père avait disséminé dans diverses étendues d'eau de la capitale. Ce legs original, devra être, suite à quelques péripéties diverses, rassemblé pour.... oui ...pour quoi ? Lecteur non féru de pisciculture ( même de haut vol....car ces carpes se vendent au prix d'une voiture !), le but final m'est resté flou, ne voyant pas en quoi les déplacer changerait le problème initial.
Ce roman, malgré son nombre pas très important de pages ( 157), ne s'intéresse pas uniquement à une espèce de poissons admirables mais aime aussi nous balader dans le monde du design et dans la vie personnelle et intime de son héroïne. On croisera d'autres gros poissons, à Milan des créateurs de mobiliers stars ( beaucoup moins sots que les mêmes stars du monde du cinéma dixit l'auteur), à Paris un designer totalement allumé et dans l'appartement de l'héroïne un gros gode ceinture. Et c'est peut être là que vient la relative indifférence avec laquelle on parcourt "Grand Platinum". Si le lecteur qui aime apprendre des choses, pourra briller dans un dîner en ville en parlant de senbatsu ( sélection d'alevins) ou de Tancho ( variété de carpe blanche avec un seul rond rouge ....comme le drapeau japonais ), celui plus épris de bonne histoire verra assez vite la faiblesse de personnages, nombreux et guère travaillés , et une intrigue assez disparate, mêlant des univers antinomiques que l'auteur se contente de juxtaposer. Quant au sort de ces carpes, malgré un final genre "Mission impossible " en version pisciculture, et leur poétique toute asiatique, on ne se sent guère concerné...
Carpe Koï ( "Tancho")
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